
Bertrand Scholler a sorti sur YouTube une capsule qui est, selon moi, un événement médiatique. Si vous vivions dans le Logos et non dans l’Illogos, elle devrait – ce ne sera donc sans doute pas le cas – avoir un retentissement politique considérable. Galeriste, ingénieur de formation, conseiller en stratégie, Bertrand Scholler s’est attaché à analyser, en expert, la photographie officielle du Président de la République et à parcourir la forêt de symboles qui émaillent cette construction. Je n’insisterai pas sur les éléments analysés par l’auteur, d’une extrême pertinence et d’une qualité herméneutique remarquable. J’encourage le lecteur du site à donner 3 heures de son temps pour écouter cette vidéo.
Trois enseignements me paraissent ressortir de cette analyse.
La photo est tout d’abord emblématique du davoscène : elle dit d’abord la scène, par une construction tout à fait artificielle, un montage totalement scénarisé qui montre que le politique posant est avant tout un porteur de symboles. Or, cet enchevêtrement de symbole n’est pas anarchique mais ordonné et raconte une histoire. Bertrand Scholler s’attache à montrer les lignes qui structurent la photographie et qui laissent apparaître, derrière les images, un « récit », le fameux Great Narrative, support langagier du Great Reset. La partie gauche de la photo est en effet composée comme une fresque historique où l’on passe, comme le dit l’auteur, de l’imprimerie à l’âge numérique puis à l’anneau, une sorte de Nouvelle Alliance, qui reflète parfaitement la trajectoire transhumaniste visée par Davos.
Mais l’analyse de Bertrand Scholler a l’immense mérite d’aborder un rivage risqué et parsemé d’embûches, que je n’ai moi-même pas eu le courage d’aborder frontalement : celui de la spiritualité, qui est profondément structurante, comme le dit Pierre Hillard, dans toutes les saillies politiques de Davos. Ceux qui ont observé le Président de la République depuis ses débuts n’ont pu ne pas être marqués par cette fameuse parole lâchée dans une interview du Financial Times en avril 2020 : « Notre génération doit savoir que la Bête de l’Événement est là. Et elle arrive ». Je dois dire que ces deux simples phrases, prononcées au début de l’opération Pandemia, n’ont cessé de tourner dans ma tête depuis et qu’elles sont un moteur d’écriture et de lutte contre quelque chose qui dépasse en effet le simple combat politique. Bertrand Scholler réalise une véritable herméneutique de ces deux phrases et montre qu’elles sont pour ainsi dire déjà inscrites dans la photographie à travers des symboles clairement maçonniques ou ouvertement lucifériens : l’analyse de l’horloge, remarquable, le Rouge et le Noir, le matériau des livres de la Pléiade, les arbres en arrière-plan, le double visage du président comme divisé en deux, le caractère androgyne, le coq inversé. La photographie est placée sous le signe de la symétrie et de la division. Le Diviseur semble être à l’œuvre dans cette composition froide et inquiétante.
Le combat de Davos est certes un combat politique contre les États : le « capitalisme des parties prenantes » de Klaus Schwab est bien cette opération de captation des souverainetés étatiques par une Caste qui organise un communisme postmoderne et une dissolution tyrannique des identités politiques. Mais il s’agit surtout d’une guerre contre l’homme, d’une guerre ontologique, anthropologique et spirituelle dont Yuval Noah Harari et Bill Gates sont les plus éclatantes illustrations. Le dépassement de l’Homo sapiens, désormais obsolète, par une fusion du biologique et du numérique est la dégradation programmée de l’homme, pourtant fait à l’image de Dieu. Le remplacement du ciel bleu par un ciel nuageux artificiel figurant le Cloud est le symbole de cette désincarnation imposée à l’homme. L’ère du Verbe se faisant chair est terminée. La photo le dit et Bertrand Scholler ne recule pas devant cette lecture terrifiante mais profondément éclairante. C’est l’essence du Davoscène.
L’auteur de la capsule est conscient des petits défauts sonores et s’est proposé de les corriger. Toujours soucieux d’exactitude, il a rectifié la confusion entre la Mer Morte et le Lac de Tibériade, ce qui ne fait que renforcer la crédibilité du propos. Ce travail d’investigation est salutaire. Que l’auteur en soit vivement remercié.
