
La mort de Nahel a provoqué des émeutes depuis quelques jours dont le tir du policier n’a été, naturellement, comme à l’accoutumée, qu’un prétexte. Depuis les émeutes de 2005, les autorités publiques sont littéralement tétanisées par ces possibles scènes de pillage et de brigandage auxquelles nous avons pu assister, particulièrement, vendredi, en début de soirée. Et bien sûr, l’immobilisme, les accommodements raisonnables, les renoncements en la matière tiennent lieu de politique publique. Ils cassent. Nous payons et nous sommes priés de le faire de bonne grâce.
Dans le davoscène, l’ère du monde inversé, Nahel a été nommé « petit ange », disparu trop tôt, dans une rhétorique lacrymale et vengeresse dont Assa Traoré et ses sbires se sont fait une spécialité. Cette dénomination est chargée d’ironie tragique car ces « petits anges » ont fait l’enfer qu’est devenue la France. Comme le dit si justement Renaud Camus, les autorités publiques n’ont plus pour fonction que de sécuriser cet enfer : le laisser proliférer, en encadrer les manifestations les plus crues, laisser les cités dériver vers un ordre parallèle, tenu par les imams et les trafiquants de drogue. La parcellisation juridique, ethnique, culturelle, religieuse porte un nom qui est désormais enfermé dans un silence assourdissant : celui du Grand Remplacement.
Le Grand Remplacement est, comme son nom l’indique, un processus, une marche forcée vers la disparition de populations autochtones au profit d’un peuple de substitution qui a été amené en France pour des raisons historiques (la Françafrique) et économiques (l’immigration de travail). Depuis l’arrêt GISTI du Conseil d’État, le 8 décembre 1978, l’immigration de travail a pu se muer en immigration de peuplement. Les peuples accueillis, on ne le sait que trop, n’ont aucun sentiment de reconnaissance ou de loyauté à l’égard de la France. Ils importent leurs mœurs, leurs langues, leurs pratiques religieuses sur un territoire, l’Hexagone, un régime, la République française qui n’a plus le logiciel intellectuel, l’énergie civilisationnelle et spirituelle pour résister à cela.
Comme la francité se borne à une définition juridique et administrative, la jeune génération issue de l’immigration est dite française : elle en a les papiers, la protection sociale, tous les caractères accidentels mais n’en a aucunement le caractère essentiel : celui de partager un destin collectif. Et c’est bien normal. Les autorités publiques se sont ingéniées à dissoudre le sentiment d’appartenance à ce destin collectif : l’occultation des racines monarchiques et catholiques de la France, la réécriture fallacieuse et « décoloniale » de l’histoire, le culte délétère de l’Autre, la honte d’être soi distillée dans les médias, les écoles et les universités. Tout cela a contribué à détruire l’identité française. Les actions d’infiltrations et de soft power conduites par des organisations internationales comme l’OCI ou l’ISESCO ont accentué ce phénomène de propagation de l’influence islamique. Devant la faiblesse ou la collaboration active des autorités publiques, y compris à « droite », les peuples de substitution voient une opportunité de prise de contrôle et attendent leur heure.
Les scènes de pillage et le déferlement chaotique de bandes dans les rues des métropoles voire de villes moyennes pastichent cette geste révolutionnaire si chère à la France inversée. J’ai déjà évoqué ce point dans un texte de 2020 mais c’est aujourd’hui la répétition générale d’une révolution d’un nouveau type : celle, non d’un changement de régime mais d’un changement de peuple, acté par une puissance qui s’affirme en nombre désormais. La racaille en constitue les bonnets rouges et elle sait de surcroît imiter les ignominies de ses prédécesseurs. Mais la différence est de taille. Il ne s’agit pas d’une guerre civile comme l’était la Révolution de 1789, opposant des Français. Il s’agit d’une guerre de conquête, d’une entreprise de colonisation qui, c’est une caractéristique de ces émeutes de 2023, ne se cantonne plus aux « quartiers populaires » mais se déroule désormais dans les centres-villes. La dénomination de « quartiers populaires », si insupportable à nos oreilles, est, du reste, révélatrice. C’est là que se trouve le nouveau « peuple », celui chéri par LFI et l’extrême centre, qui a vocation à se substituer au peuple obsolète, le peuple français, indigne du Nouveau Monde.
Le davoscène est une ère nominaliste. La France est en train de ne devenir plus qu’un nom, un label, une étiquette, vidée de son âme, de son Baptême et de son peuple. Les émeutes de ces jours-ci disent cela. Si la trajectoire est maintenue en l’état, nous ne serons bientôt plus Français. Le père Henri Boulad, décédé il y a quelques semaines, l’avait dit avec une netteté saisissante et effroyable dans une homélie à Toulon. Souhaitons que la France repasse du nom à la chose…
