Chroniques

Emmanuel Macron, le porteur de flamme

Ceux qui connaissent le site savent à quel point je suis particulièrement attentif aux allocutions présidentielles au mois de juillet. Celle du 12 juillet 2021 devrait être restée dans la mémoire de tout Français, spectateur ce jour-là du basculement de la France dans l’irrationalité, dans un régime scandaleux de contrôle social, de discrimination bio-politique.

La prestation de ce soir nous a montré un Emmanuel Macron enjoué, porteur de flamme, devant le regard énamouré de deux journalistes qui ont été gagnés progressivement par la séduction, jouant les insolents au départ et les serviles thuriféraires à la fin, comme le fait toute la Clique. Il faut reconnaître à Emmanuel Macron, un sens politique inouï dans le Davoscène.

Des élections législatives ont eu lieu le 30 juin et le 7 juillet. C’était, rappelons-nous, une « grenade dégoupillée » destinée à vérifier la capacité des opposants à « s’en sortir ». Les opposants ont cru devenir majoritaires et ont proposé une heure avant l’interview du Président, une candidate au poste de Première Ministre, Lucie Castets, dont chacun a regardé la biographie entre 19:00 et 19:15. Macron a, bien entendu, balayé cela d’un revers de main puisque le politique ne se joue plus à l’Assemblée, n’est plus le fruit d’un vote, quel qu’il soit.

Nous sommes dans le Davoscène, l’ère du politique mondialisé, l’ère des clubs et des hubs, les vraies décisions se prenant partout sauf à l’Assemblée Nationale et au gouvernement. Emmanuel Macron a eu le mérite d’entretenir l’illusion en faisant la pédagogie du consensus, prenant à rebours les candidats zélés du barrage au RN qui sont désormais condamnés à s’entendre, la synthèse ne pouvait plus venir que du centre, le centre de gravité de l’extrême-centre, immigrationniste et mondialiste. Il faut reconnaître le tour de force : Macron sait refroidir les passions politiques, aussi vaines soient-elles. Le Premier ministre ne sera nommé qu’à partir de la mi-août, le gouvernement s’occupant de la gestion des affaires courantes. Voilà une belle manière de définir la politique de Davosfrance, ramenée à son essence : la gestion des affaires courantes, c’est ce qui se fait depuis de nombreuses années, puisque le politique, le vrai, le structurant, se fait ailleurs.

Emmanuel Macron a remarquablement dynamité la colonne vertébrale de la Vème République. Considérant que la France est un espace en voie d’obsolescence, il est parvenu à la dévitaliser en la faisant glisser vers la IVème République. Il ne l’a pas fait lui-même du reste. Il a simplement allumé la flamme et les Français, « en responsabilité », ont conduit, par leur vote, à cette Assemblée composite, sur fond de barrage, fondée désormais sur une gouvernance par textes. Le petit bout de la lorgnette pour la « représentation nationale », les grandes orientations pour Davos. En 2017, il a eu un Parlement servile, l’exécutif prenant toutes les décisions lors de la détestable politique sanitaire. En 2024, il a devant lui une coalition de rebelles de salon qui jouera un jeu à somme nulle, les décisions ultimes revenant à l’exécutif. Opération réussie. Chapeau l’artiste !

« Plus vite, plus haut, plus fort ! » a proclamé Emmanuel Macron. Il est le véritable porteur de flamme. Il est l’expérimenté parmi les dirigeants européens. Eh oui, il est désormais l' »ancien » et compte bien en percevoir les bénéfices. La France est un costume trop étroit. Il faut organiser, dès aujourd’hui, l’Etat de taille critique, celui prêt à organiser la régionalisation, le messianisme mondialiste, la fusion du public et du privé, le Notreurope dont notre porteur de flamme souhaite désormais prendre en main le destin.

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