Chroniques

La cérémonie d’ouverture des JO : le Prince de ce Monde aux premières loges.

La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques qui a eu lieu, vendredi 26 juillet, à Paris a tenu toutes ses promesses et restera, à n’en pas douter, dans les annales.

Une cérémonie d’ouverture ou de clôture est toujours une forêt de symboles destinée certes à promouvoir les valeurs de l’Olympisme – Citius, Altius, Fortius – Communiter, mais aussi et surtout à faire partager des visions du monde, une conception de l’histoire, une forme de prospective sur la trajectoire du monde à venir. Lors de cette cérémonie d’ouverture, nous avons été largement servis.

C’était une pédagogie, une homélie, une feuille de route, l’explication du Davoscène pour les nuls, pour reprendre le titre d’une célèbre collection. En effet, la mise en scène de Thomas Jolly nous a fourni un pensum méticuleux de tous les aspects du Davoscène.

Le Davoscène est l’ère du Trans. Nul besoin de développer ce point. Il est apparu très clairement que le principe du monde contemporain est : A = non-A. L’identité est liquide, les femmes portent la barbe, le couple se vit à trois (le trouple, qui ne manquait de nous saisir en voyant cette scène…), Marianne est noire, les hommes sont maquillés. Tout est en transition et tous les fondements anthropologiques doivent être réinitialisés. L’homme doit passer par un Reset et repenser son identité qui n’est plus biologique. Le premier message de cette cérémonie d’ouverture était celui d’une ère nouvelle pour l’homme, augmenté, diminué, qu’importe, mais un homme nouveau qui ne se définit plus par ce qu’il est mais par ce qu’il se fait. L »homme « trans » – transformé, transhumain, transhumant – est l’homme de demain.

Le Davoscène est aussi fondé sur le culte révolutionnaire. La devise Liberté, Egalité, Fraternité déclinée sur fond de Marie-Antoinette décapitée chantant « Ah ! Ça ira ! « montre bien sûr la Matrice historique et politique sur laquelle s’appuie Davosfrance. L’explosion de sang, représentée par des rubans rouges, magnifiquement mise en scène du reste, à la Conciergerie symbolise un sang régénérateur dans l’esprit de la Révolution. Les Révolutionnaires considéraient que le sang versé par les « ennemis de la liberté » était le mal nécessaire à une régénération de la France. Les tableaux présentés à la cérémonie d’ouverture affirmaient cette lecture historique en explicitant assez naïvement d’ailleurs les paradoxes de la Révolution : la conquête de la liberté par le sang, par la logique sacrificielle, le tout mâtiné de machiavélisme et d’utilitarisme. Le malaise ressenti par de nombreux internautes durant cette scène suggère exactement le fond obscur de ce passé révolutionnaire que l’on n’interroge plus. L’acte de naissance de la République est le bain de sang. La décapitation en devenait l’éclatant symbole : décollation, déculturation, irrationalité. C’est une des marques de la Révolution, l’ère où la tête, le cerveau, la raison sont des intrus. La cérémonie le disait clairement. Une fois encore Davosfrance dit tout.

Le Davoscène est la décadence imposée au monde ancien qu’il s’agit de régénérer. La séquence de Philippe Katerine était de ce point de vue remarquable. Une habile synthèse entre un Dionysos postmoderne, un Schtroumpf farceur, Pierrot le Fou et Trimalcion. Cette scène fut une manière de revisiter le Satyricon de Pétrone, disant la décadence de la romanité dans un monde qui refuse la virtus, qui la considère dépassée, franchouillarde et ringarde. La France issue de Rome est en obsolescence programmée. Mais attention, l’attitude dionysiaque n’est pas possible pour les sans-dents, pour le « paniers de déplorables ». Pour eux, c’est la comptabilité, le réglage fin, la gestion des fins de mois, le tableur Excel. Ne sont admis dans le faste de Dionysos que les élites qui ont les moyens de vivre dans les métropoles mondialisées, qui peuvent dépenser sans compter. C’est la décadence joyeuse pour ceux qui peuvent se la payer. Pour les autres, la décadence est bien présente, mais malheureuse, et occasionne une souffrance dont nous n’avons pas encore fini de mesurer l’exponentielle extension.

Le Davoscène, c’est aussi et surtout le rejet de l’Incarnation, le rejet de la Providence et du Dieu fait homme. La cérémonie d’ouverture n’a pas raté ce passage obligé pour tout projet mondialiste postmoderne qui se respecte. C’était sans doute le clou du spectacle. La parodie de la Cène fut l’apogée de cette cérémonie et a dévoilé, dans une sublime candeur, le projet spirituel du mondialisme. Le personnage central, une femme, portant une couronne à sept branches, désignant parodiquement – dans un Reset hallucinant – la personne du Christ, est entouré de Drag Queens qui figurent les apôtres. Les couleurs utilisées et la scénographie sont, il est vrai, assez similaires à celles de la fresque de Léonard de Vinci, la Cène. Cette représentation est une messe loufoque, une désacralisation de l’Eucharistie qui fonde le coeur de la Messe catholique. Le coeur n’est pas absent : il est représenté par le signe de la main de la jeune femme au centre de la scène mais il s’agit plus d’un emoji, un signe de Cordicopolis comme le disait Philippe Muray dans l’Empire du Bien que du coeur saignant du Christ en Croix. La présence d’un cavalier blanc, pâle n’est pas sans rappeler, comme cela a été signalé maintes fois hier le « cheval livide ; et le nom de celui qui était assis dessus est la Mort ; et le hadès qui suivait avec lui ; et il lui fut donné pouvoir sur le quart de la terre pour tuer avec l’épée, et par la famine et par la mort, et par les bêtes sauvages de la terre » (Apocalypse de Saint Jean, 6, 8). La cérémonie d’ouverture était marqué du sceau de l’inversion, de la transgression, du sceau de la Bête. Le grand invité d’hier soir était le Prince de ce Monde et, à maintes reprises, cette scénographie a rendu un culte à sa personne. De fait, tous les éléments historiques évoqués, comme en premier lieu la Révolution, se sont placés pour ainsi dire sous son inspiration : l’explosion du sang sacrificiel, la présence de l’enfant dans la parodie de la Cène, l’inversion anti-naturelle du wokisme, tout semblait rendre un culte à Satan dans cette cérémonie qui avait l’allure d’une messe noire. Cela explique sans doute la réaction de la Conférence des Évêques de France qui ne pouvait laisser passer une telle abomination. En évoquant la « dérision » et la « moquerie », la CEF a néanmoins passé sous silence le véritable objectif de cette représentation : l’abolition du christianisme et particulièrement du catholicisme qu’il s’agissait de représenter à grande échelle devant plusieurs millions de téléspectateurs, au coeur de la France qui est pourtant fille du baptême de Clovis. On a beaucoup évoqué, dans une des scènes, le Veau d’or (Exode, 32, 4) qui évoque l’idolâtrie propre en effet au davoscène. Mais il y avait aussi le Minotaure représentant le sacrifice de 14 enfants tous les 9 ans au coeur de la labyrinthique Paris. Le Prince de ce Monde était donc, volontairement ou non, le fil conducteur de cette cérémonie.

Jacques Attali a livré, dans une vidéo, un commentaire très instructif de cette cérémonie. Rappelant le précédent de la commémoration du Bicentenaire en 1989 qu’il avait co-organisée, il mentionne que les transgressions d’aujourd’hui – qu’il reconnaît donc aisément – pourront devenir « naturelles et banales » comme si cette cérémonie était un choc visuel pour préparer les yeux et les âmes au monde de demain. Dit d’un des représentants les mieux informés du davoscène, c’est une déclaration à ne pas négliger. Davosfrance ne cache rien. Là encore, nous l’avons maintes fois noté, tout est exposé, explicité. Davosfrance parle mais la France, elle, n’a plus d’yeux, n’a plus d’oreilles.

Cette cérémonie était donc une parfaite illustration du davoscène. De surcroît, tout tournait autour de la Seine, de la scène et de la Cène. Cette homophonie est significative et paraît dire assez crûment le sens de cette cérémonie d’ouverture qui ouvrait moins les Jeux Olympiques que le monde de demain : un monde débarrassé du Christ et des vertus théologales, abandonné au matérialisme, à l’idolâtrie, à la désacralisation de tout.

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