Chroniques

XVIème législature : un grain de sable dans la Machine ?

La XVème législature qui s’achève restera sinistrement gravée dans les mémoires : un parlement transparent, des parlementaires-rouages d’une Machine qui les a toujours dépassés, une majorité écrasante pour la société liquide, le Grand Remplacement puis, lorsque Macron a sifflé la fin de la récréation, le 12 juillet 2021, pour le Great Reset et la société minérale de la délation, de la surveillance, de la vaccination tracée. Le Parlement précédent n’a pas parlé, il a voté, a appuyé mécaniquement sur « oui » dans une logique cybernétique. La XVème législature fut la législature de l’impolitique par excellence. Les élections tragiques du 24 avril (58% !) et même le premier tour des législatives le 12 juin paraissaient maintenir Macron dans son train de sénateur : rien ne résistait, il flottait, le « narratif » s’écrivait sans voix dissonante, l’impolitique semblait devoir régner en maître comme l’a confirmé le président avec cet appel vibrant au « Notreurope » le soir du 24 avril. 

Le 2nd tour des législatives a incontestablement grippé la Machine. Enfin – pourrait-on dire ! Macron n’est pas stoppé mais il est au moins freiné, politiquement. Le résultat issu du scrutin uninominal majoritaire à deux tours a une vague allure de scrutin proportionnel et le phénomène majoritaire bipartite, sur lequel comptait Emmanuel Macron pour installer son mouvement « Ensemble », ne fonctionne plus.  

Le président n’a pas de majorité : il va devoir la composer, texte après texte, ce qui va l’empêcher de construire un agenda calé sur les propositions de cabinets comme McKinsey ou Accenture, et va contrarier l’avancée sereine de l’Agenda 2030. L’instabilité politique qui en résultera est une opportunité inouïe pour montrer l’aporie dans laquelle s’enferme la Vème République dont le « pacte » peut fonctionner dans une société homogène, soutenue par des murs porteurs que les politiques altérocrates, mondialistes, liquéfiantes et liquidatrices ont justement fait disparaître. 

Mais, il y a une lecture moins optimiste de ce résultat, même plus inquiète. Les blocs NUPES (133 sièges), divers gauche (20), Ensemble (245), LR (64), RN (89) peuvent très bien constituer des majorités de circonstance mais solides sur des textes liés au Grand Remplacement ou le Great Reset, les deux phénomènes politiques majeurs de ce début de XXIème siècle. On imagine bien le zèle des députés Ensemble, Divers gauche et LR (329 sièges) pour des textes relatifs à la politique sanitaire même si la présidence du groupe LR (Olivier Marleix) est un signal plutôt positif. On ne voit pas de frein à la politique migratoire avec les créolisateurs de LFI et le groupe Ensemble (378 sièges). On a du mal à espérer une distance critique avec l’OTANisme maladif par des députés issus de Divers gauche, Ensemble et LR. L’extrême-centre n’a plus une majorité attitrée et stable : il est devenu une nébuleuse mouvante qui couvre potentiellement 487 sièges !

Seul le RN et Nicolas Dupont-Aignan pourront représenter une véritable force d’opposition face à ce mastodonte d’extrême-centre, protéiforme certes, mais qui s’arrangera toujours pour voter les textes qui défont la France. Naturellement, Macron appelle à la « clarté » et à la « responsabilité » dans son allocution du 22 juin par l’attrape-nigaud du « gouvernement d’union nationale ». Or, le RN a tout à gagner à entrer dans une logique d’opposition forte. Il gagnera en lisibilité politique et on peut souhaiter par ce biais un positionnement qui se rapproche d’Éric Zemmour, rapprochement qui me semble essentiel. Éric Zemmour ne songe pas à ce rapprochement : on ne se rapproche qu’en position de force. Marine Le Pen n’y songe pas le moins du monde. Pour elle, à tort, Zemmour est politiquement mort. Le rapport de force entre le RN et Reconquête est, il est vrai, marqué du sceau de l’ironie tragique. Eric Zemmour voulait recréer le RPR des années 90. Or, le RN a pris cette position avec ses 89 députés désormais bien installés dans l’hémicycle., sans doute durablement. Le RN d’antan, c’est désormais lui. Les lignes bougeront sans aucun doute sur ce point. Le temps est parfois le meilleur allié en politique. 

Dans un article du 21 mars, j’estimais que les Français étaient devant un carrefour à trois branches : la politique McKinsey du Great Reset, la politique créolisatrice du Grand Remplacement, et la politique de défense de la France. Curieusement, les Français ont ramené les trois courants dans l’hémicycle comme s’ils avaient momentanément suspendu leur choix. Ce chaos électoral a un mérite : il reflète le chaos politique de Davosfrance et ramène surtout l’intranquillité politique dans la vie démocratique. 

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