
Comme je marchais non loin de la triple voie, un héraut et un homme tel que tu l’as dit, porté sur un char attelé de chevaux, vinrent à ma rencontre. Le conducteur du char et le vieillard lui-même voulurent m’écarter violemment du chemin. (SOPHOCLE, Œdipe-Roi)
Le premier tour des élections présidentelles qui aura lieu le 10 avril est un carrefour, assez semblable au Carrefour de Phocide dans Œdipe-Roi. Trois chemins sont possibles et noueront incontestable le destin de la France.
Le premier chemin est celui de Davos, incarné par l’extrême-centre qui va du PCF à LR et offre un spectre politique large mais profondément convergent par son idéologie.
Ce sont originellement les humanistes de la société liquide, ceux qui ont politiquement grandi sous l’Open society de Soros, qui ont construit à partir de cela leur crédibilité et leur carrière politique. Ce sont souvent des révolutionnaires repentis, issus de la petite bourgeoisie mondialiste qui ont, chacun à leur manière, l’objectif d’opérer une tabula rasa de la France que ce soit à travers le woke, la Cancel culture pour la gauche (PCF, PS, LREM) ou à travers sa dissolution dans le monstre technocratique que représente aujourd’hui l’Union européenne (LREM, LR). La France engendre un « nationalisme toxique » et il faut en purifier le peuple français en le matraquant de propagande universaliste, immigrationniste, en accentuant le déclassement de la France périphérique et la prolétarisation de la classe moyenne. Il faut emporter la France dans le Léthé, le fleuve de l’oubli. Ce projet est à la fois politique et profondément impolitique. L’extrême-centre est même la force politique qui transforme tout politique en impolitique. Pour lui, toute politique publique n’est que technocratique, ne peut se concevoir que dans ce cadre. C’est le règne de l’expert, du sachant, du cabinet conseil qui rend, à moyen terme, la démocratie inutile, pire, néfaste pour la qualité de la décision. Demos apporte le chaos. Or, il faut rationaliser, mettre tout en procédure, en protocole comme nous l’avons vu dans la pratique du pouvoir par LREM.
La voie de l’extrême-centre, c’est le Grand remplacement et la Grande réinitialisation. Les Français doivent le savoir avant de voter. C’est le Grand remplacement parce que leur politique se fonde sur un mythe sociologique et démographique : la population doit croître coûte que coûte et l’immigration apporte cette croissance nécessaire que nous ne trouvons plus dans le peuple indigène. La civilisation chrétienne est de surcroît en bout de course selon eux et l’implantation de l’Islam en peau de panthère dans les « quartiers », désormais sécessionnistes, est une chance pour neutraliser notre appartenance civilisationnelle et notre mémoire sous le faux nez de la « laïcité », de l’athéisme institutionnalisé par l’État. Pour construire une Open society, il faut refaire les peuples dans le grand Mélange, le grand Métissage dont Nicolas Sarkozy nous disait qu’il était notre destin commun. L’extrême-centre est de surcroît le vecteur politique de la Grande réinitialisation. J’ai maintes fois dans mon site abordé ce sujet à l’occasion de la sinistre politique sanitaire : formation des dirigeants souvent jeunes dans le cadre des Young Global Leaders (Macron, Pécresse, Trudeau au Canada), infiltration des cabinets dont Klaus Schwab s’est cyniquement vanté, inféodation de l’État à des sociétés privées sous couvert de « capitalisme de parties prenantes », nouveau contrat social ordonné à un renoncement progressif de libertés publiques néfastes à la bonne marche du monde, endettement généralisé, numérisation intégrale, changement progressif de l’homme dans l’optique du transhumanisme – la période covid-19 nous en a donné un avant-goût. Cette période a, du reste, laissé filtrer quelques signaux faibles sur la société qui nous attendrait dans l’éventualité de l’ élection d’un de ses représentants : crédit social, imaginaire carcéral dont l’inénarrable slogan de campagne macronien « 5 ans de plus » est la plus naïve ou cynique manifestation. L’extrême-centre est le mouvement de l’Agenda du Chaos : c’est le Chaos (pandémies, guerres) qui fait l’histoire, c’est la « Bête de l’évènement » (Macron) qui offre un Kairos pour créer un ordre nouveau, pour poser les fondations nouvelles d’un monde qu’ils ont eux-mêmes construit et qui est devenu invivable. Le monde ouvert fut un projet : il n’a apporté que conflits, divisions, confusion. Il fut ce Babel-monde désormais infernal dont Davos veut inverser les signes : la société liquide laisse place en effet à une société minérale, où les libertés publiques seront étroitement surveillées, les déplacements contrôlés, les mœurs régentées, les codes révolutionnés (sociaux, alimentaires, vestimentaires, génétiques ?) comme l’a proposé Jacques Attali en 2021. La pratique carcérale de la politique sanitaire fut un training, une sorte de team building pour discriminer le dissident, écarter le trublion de l’Ordre nouveau, et renforcer la demande d’ordre, de « devoirs ». En effet, l’extrême-centre est le nouveau parti de l’Ordre : le parti du Nouvel Ordre Mondial d’abord qui défait l’indépendance de la France mais aussi le parti de l’Ordre public par une procéduralisation accrue de tout. Le monde ouvert n’est plus qu’une rhétorique creuse, une séduction pour attirer les naïfs et les moutons. La réalité de demain, c’est le sacrifice de la France pour « notre Europe », c’est le sacrifice de l’homme pour le nanhomme de la Grande Réinitialisation, pour le « Nutelhom » du Grand Remplacement. Si vous votez Hidalgo, Jadot, Macron, Pécresse, c’est ce monde-là que vous aurez aidé à enfanter. Vous aurez accouché d’un monstre.
Le deuxième chemin est celui de l’extrême-gauche de Poutou, Artaud, Mélenchon qui paraît effectuer une percée dans le paysage politique. Net et clair sur la politique sanitaire qu’il a refusée avec vigueur, refusant donc implicitement la Grande Réinitialisation, Mélenchon est l’un de ceux qui ne trouvent de mot assez élogieux pour le Grand Remplacement. Tonnant comme Robespierre ou les orateurs Montagnards de la Révolution française, il souhaite par sa « créolisation » couper la tête de la France en la transformant en son exact contraire : non pas une terre ancrée, mais un lieu de passage, un lieu de brassage, qui conduit à la dissolution de tout peuple, de toute identité. La Nation n’a même plus besoin d’un contrat, précaution inutile. Etre là, c’est déjà avoir signé son appartenance au peuple français. Entrer clandestinement, c’est déjà adhérer. Cette France cosmopolite, bigarrée, est l’exacte cristallisation du Bidon-monde dont parle Renaud Camus. Mélenchon, quoique vaillant dans sa résistance à la Grande Réinitialisation, est dans l’aporie la plus totale en dissolvant par son cosmopolitisme et son immigrationniste toute possibilité de « pacte républicain ».
Le troisième chemin est celui de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour. Les candidatures ne sont pas siamoises mais elles présentent davantage des différences de degré que de nature. Les deux candidats se sont positionnés avec plus ou moins de clarté sur les deux thèmes majeurs à mes yeux de cette présidentielle : le Grand Remplacement et la Grande Réinitialisation. J’aurais souhaité que ce chemin se matérialise par une candidature unique sous l’égide d’Eric Zemmour mais il est maintenant trop tard. En effet, j’estime qu’Eric Zemmour a réalisé un travail intellectuel et politique qui le met en position de créer une offre politique plus lisible que celle de Marine : par ses outrages à la novlangue, par ses analyses historiques disruptives, par une intellectualité discursive assumée, il a littéralement ouvert un espace d’expression politique qui était inenvisageable ne serait-ce que deux ans auparavant. Eric Zemmour présente un projet clair, argumenté, solide de lutte contre le Grand Remplacement. Le mot est assumé. Il a mis des mots – et donné une légitimité politique – sur ce que l’on voit. Il en tire un constat accablant et apporte des solutions sur lesquelles je reviendrai ultérieurement. Eric Zemmour répond, ce faisant, à la tragédie promise au peuple français : sa culpabilité d’être Français, son renoncement à la grandeur, sa dissolution dans Babel-monde, sa colonisation ethnique par l’Afrique, culturelle par l’Amérique, économique par la Chine. Il donne aux électeurs les moyens politiques de répondre aux grands défis qui attendent la France.
Trois chemins s’offrent à nous. Cette élection est un carrefour. Le chemin que l’on empruntera, je le crois, sera irréversible. A nous de ne pas tuer Laïos…
Votre répartition des voies est bien dessinée et met en évidence que les deux premières sont, en fait, parallèles. La seule voie qui croise vraiment le chemin est la 3è mais Marine Le Pen n’y est qu’en situation de clandestine puisque chargée comme il y a 5 ans de dérouter le vote national pour permettre l’élection bricolée d’un candidat adoubé par le « système » peu importe qui ce sera. L’essentiel est d’avoir un « président » falot, sans envergure, aux ordres et surtout dépourvu de toute forme de scrupule. Au résultat, nous n’avons qu’un seul candidat qui fait campagne, c’est Zemmour ; les autres, font semblant et c’est ce qu’on attend d’eux. Nous savons très bien ici la valeur toute relative d’une élection dans un régime républicain surtout quand il est en état de mort cérébrale. Il est à mon avis une chose importante à comprendre et à faire comprendre. Nous – les gens – nous ne gagnons jamais une élection, nous les perdons toutes au bout du compte. Mais, nous la perdons plutôt bien si nous contribuons à écarter le plus nuisible des protagonistes en course. En l’occurrence, c’est Macron. Par conséquent, même sans croire à la démocratie, il faut faire l’effort de voter mais de voter non pas « pour » mais « contre ». Après l’élection, le grand cirque républicain continuera mais au moins, on aura peut-être contribué à éviter le pire. Et c’est déjà pas si mal. Pour le reste, il faut, à mon avis, pour l’heure prendre quelques précautions : éteindre sa télé, ne pas lire les sondages et encore moins y participer et jeter la réclame électorale sitôt reçue sans ouvrir les enveloppes.
J’aimeJ’aime
Merci pour votre commentaire ! C’est, à la ligne près, exactement ma position.
J’aimeJ’aime