Le monde a connu des mutations sans précédent consécutivement à des événements majeurs : chute du mur de Berlin et fin des deux blocs à partir de 1990, construction européenne reposant sur le Traité de Maastricht de 1992, terrorisme islamique à partir du 11 septembre 2001, réveil économique de la Chine à partir de 2000, affaiblissement de l’hyperpuissance américaine à compter de 2007, non résolution du problème israélo-palestinien. L’essoufflement culturel, économique de l’ère atlantique laisserait-il place à une ère pacifique fondé sur la concurrence entre la Chine et les Etats-Unis ?
La diplomatie française ne peut ne pas tenir compte de ce changement de paradigme ou en tous cas d’une inflexion des rapports de force. Ainsi, la diplomatie française semble devoir s’orienter dans les directions suivantes : une consolidation des liens méditerranéens pour réactiver l’extraordinaire puissance culturelle qu’a été l’ensemble gréco-romain. Les mérites de l’Union pour la Méditerranée lancée en 2008 par Nicolas Sarkozy était de contrebalancer l’influence anglo-saxonne en Europe pour retrouver l’ancrage originellement méditerranéen de l’Occident. Malheureusement, les difficultés économiques et – il faut bien le dire – la décadence culturelle des pays comme la Grèce et l’Italie ne les place plus de fait au centre de l’échiquier. Néanmoins la France doit prendre en charge cette mission de renouer avec son passé méditéranéen et retrouver les vertus de la romanité par une aire d’influence méditerranéenne qui permettra de donner du sens et une vigueur nouvelle à notre coopération avec les pays d’Europe du Sud, du Maghreb et du Machrek pour rendre à ces territoires leur unité millénaire. L’atout de la France est d’être justement par sa géographie, par son système social, intellectuel, linguistique entre les deux cultures anglo-saxonne et méditerranéenne. C’est en cela qu’elle devrait être le leader évident du continent européen si l’incurie et la soumission de nos gouvernements successifs n’avait pas laissé s’installer le fatalisme de la décadence. L’élargissement de l’Union européenne en 2004 a fait entrer les pays de culture slave qui ont fait preuve dans l’épisode des migrants de beaucoup de sang-froid et de courage dans une diplomatie de la résistance au chantage pro-immigrationniste. Les pays de l’ex-Europe de l’Est font preuve d’un attachement louable à leur culture religieuse et à leur civilisation. Ils sont une force sur laquelle la France peut s’appuyer pour défendre elle aussi la grandeur de la culture occidentale fragilisée par la pression de l’Islam et un universalisme américanisé uniformisateur.
De ce point de vue, les liens avec la Russie doivent être renforcés. La personnalité de Vladimir Poutine, qui, par sa pratique du pouvoir, se situe dans la continuité des tsars et des dirigeants forts de l’ex-URSS, a permis un endiguement des positions de DAESH au Moyen-Orient. Par ses interventions armées, il a fait ce qu’auraient dû faire les Européens pendant que le ministre des Affaires étrangères de 2013 affirmait que les islamistes bien sûr « modérés » d’ Al Nosra faisaient du « bon boulot » ! La clairvoyance diplomatique de militaire de Poutine fait incontestablement aujourd’hui de la Russie un allié sûr pour la lutte contre l’islamisme au Moyen-Orient et la défense des Chrétiens d’Orient sans relâche persécutés gravement dans cette région dans une indifférence générale et coupable.