La préférence communautaire érigée en principe dès le Traité de Rome du 25 mars 1957 – d’ailleurs sacrifié en 1992 sur l’autel du libre-échange – me semble devoir laisser place au principe de préférence nationale qui privilégie la proximité territoriale et culturelle à la perdition dans de vastes espaces globalisés.
Dans La Cause du Peuple, Patrick Buisson rappelle la très claire position de Benoît XVI sur le phénomène migratoire qui précise que les « Etats ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine ». Par cette phrase, le Pape a posé nettement deux principes : la dimension sacrée de la personne humaine et le droit de chaque Etat à protéger ses frontières, l’Etat étant une communauté artificielle inscrite dans le prolongement naturel de l’oikos dans la mesure où l’homme est un naturellement sociable. Ainsi, l’utilisation de la frontière comme filtre ne s’oppose pas à la charité évangélique. Au contraire, elle procède d’une hospitalité certes non inconditionnée mais positive qui a les moyens matériels de sa propre générosité et offre au nouvel arrivant les conditions décentes de son accueil. Le Pape a ajouté que les « immigrés ont le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil, en respectant ses lois et l’identité nationale ». Dans une dialectique subtile le Pape renverse le concept de droit d’asile pour celui de devoir d’intégration l’un étant corrélé à l’autre. Ce devoir d’intégration étant bafoué depuis les années 80 à mesure que le droit d’asile inconditionnel s’y est substitué, une politique ferme d’assimilation semble devoir être repensée et mise en place. Quelques mesures pourraient être un marqueur symbolique fort : la restauration de la double peine tout d’abord afin qu’un étranger qui ne respecte pas les règles soit le devoir d’intégration comprenne qu’il suspend de facto son droit d’asile ou de séjour. L’obligation de parler et écrire la langue d’accueil car la langue est le vecteur d’une culture. Sans maîtrise, l’immigré est voué à rester en hiatus avec son pays d’accueil qui finit à force d’exclusions répétées de ne plus être son pays.
Pour être maître de la politique migratoire et pour retrouver une souveraineté, on comprendra aisément de tout ce qui précède qu’une sortie raisonnée des Traités de l’Union européenne est nécessaire voire vitale. La possibilité enfin retrouvée de maîtriser ses frontières, d’élaborer librement et en toute responsabilité une politique budgétaire sans contrôle a posteriori de l’Union européenne, de ne pas avoir l’obligation transposer des lois qui ne recueillent pas l’assentiment du peuple français, conduira le peuple à choisir en proximité ceux qui vont prendre en main le destin de la France. Cette cohésion du corps social français est assurée en amont par l’école, qui est le vrai creuset de l’unité française.