Force est de constater la force inquiétante de pénétration de l’Islam dans la société française. Il fascine, attire, convertit. Nous voyons 4 facteurs explicatifs à cette force d’attraction.
1 – L’individualisme et le vide spirituel laissé par de droit-de-l’hommisme a permis à la spiritualité islamique de prendre une place de choix.
Le matérialisme, l’économisme, la solitude individualiste et le soliloque stérile de l’égotisme s’inscrivent dans une société déspiritualisée et frustrante parce que n’offrant aucune issue à la recherche spirituelle innée en tout homme. Le droit-de-l’hommisme s’est substitué dans l’ordre de la nature à la charité et à la sainteté. La vertu a été désacralisée et naturalisée dans un immanentisme qui ne fonde plus les actes humains sur la transcendance mais sur l’ « instinct moral » comme l’appelle Rousseau. De fait, le droit-de-l’hommisme a été le terrain fertile d’une désacralisation au cœur de l’Occident qui a engendré une resacralisation par une culture exogène. L’appréhension immédiatement morale de tout acte par les principes droits-de-l’hommistes conduit à une épokè de la raison tout à fait compatible avec le fidéisme islamique.
2 – La soumission de l’Eglise
L’Eglise n’a malheureusement pas apporté de contrepoint à ces agressions culturelles. La conférence des Evêques de France se fait le porte- parole de ce droit-de-l’hommisme indigent et indulgent à l’égard de l’Islam. Le pacifisme œcuménique et une sacralisation déraisonnable de la tolérance place l’Eglise actuelle plus dans le sillage du siècle des Lumières que dans celui de Saint-Augustin. Le discours d’ouverture de la conférence des évêques de France par Monseigneur Georges Pontier prononcé le 28 mars 2017 consacre une partie à la place des musulmans dans notre société. La crise entre le monde chrétien et le monde musulman est selon l’Archevêque de Marseille imputable aux conflits du Moyen-Orient qui sont venus « rompre un équilibre longtemps vécu pour le mieux ». Les peurs provoqués par les attentats sanglants qui ont endeuillés la France sont « compréhensibles » – c’est aimable de le reconnaître – « mais peuvent faire porter sur tout musulman un dangereux regard de méfiance », « le reste de la population » [nous ! sic !] devant s’engager « dans la construction de relations citoyennes les meilleurs possibles, apaisées et confiantes ». A la religion de la croix, l’Archevêque semble substituer une religion du vivre ensemble et de la fraternité toute républicaine qui relève plus des loges maçonniques que des chapelles qui essaiment notre belle Nation. L’Eglise, sous l’égide du pape François, semble plus soucieuse d’une paix universelle abstraite, d’une charité certes réelle mais politiquement invivable et irresponsable. Ce texte proprement hallucinant est une promotion fâcheuse des fameux padamalgam moqués par les médias de réinformation. La Croix, qui est pourtant théoriquement un média inspiré par la parole évangélique s’approche de plus en plus proche du catéchisme humaniste et larmoyant laissant à l’Islam le crédit d’une religion de paix et d’amour en donnant aveuglément à cette religion les attributs du christianisme. Une partie de l’Eglise n’a pas pris la mesure des défis posés par l’Islam. L’affaiblissement du caractère conservateur de la spiritualité chrétienne, l’oubli de son enracinement dans une tradition et un dogme, une lecture exclusivement morale de l’évangile au mépris de son sens métaphysique et théologique, la dissolution des idées chrétiennes dans la cité terrestre et dans les idéaux républicains, tout cela a contribué à faire du christianisme un creuset de simples valeurs universalisables et sans spécification cultuelle et culturelle. L’identité chrétienne n’est plus évidente à saisir : l’oubli scandaleux des chrétiens d’Orient dans le conflit irakien puis syrien, la laïcisation et la républicanisation du christianisme français, l’influence croissante du protestantisme dans les spiritualités périphériques font du christianisme une identité mouvante, poreuse à la modernité et complexée d’être un dogme. La soumission de l’Eglise vient essentiellement de ce qu’elle n’assume pas sa tradition et son conservatisme. Cette course à la modernité et ce souci de proximité avec le monde date des jésuites qui estimaient nécessaire d’évangéliser avec les moyens contemporains littéraires ou artistiques (textes littéraires, imageries, théâtre). Vatican II a été un épisode de modernisation liturgique pour rapprocher le langage sacré du langage profane. Ce souci d’évangélisation est consubstantiel à l’Eglise mais les moyens utilisés pour l’évangélisation ont modifié voire perverti l’esprit des textes originels. A trop vouloir emprunter son langage au monde, on finit par en être le miroir. L’Eglise n’a pas su résister à cette tentation et son message évangélique en est devenu flou. Hors du temps, l’Eglise en est devenu prisonnière. Garante du dogme, elle en est devenu récemment le fossoyeur ou le contempteur comme si la tradition était une forme morte que l’Eglise a le devoir de ranimer, d’expliciter en lui donnant une âme qui n’est pas tout à fait la sienne. L’évolution de la catéchèse témoigne de cette mondanisation de la parole évangélique qui en subvertit la lettre et l’esprit. La fraternité chrétienne n’est plus qu’apprentissage de la citoyenneté et de la solidarité, la charité n’est plus qu’écoute et compréhension de l’autre. L’humilité n’est plus que culte de l’Autre et haine de soi. La catéchèse moderne apprend une compassion fusionnelle où le même est absorbé dans l’Autre jusqu’à s’y perdre. Cette compassion fusionnelle engendre un lyrisme de l’altérité que l’on retrouve dans le discours de Mgr Pontier : « le passage d’une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou de marginalisation – qui, à la fin, correspond exactement à la « culture du rejet » – à une attitude qui soit basée sur la « culture de la rencontre », la seule capable de construire un monde plus juste et fraternel, un monde meilleur. » Cette conception angélique de l’ordre de la nature au mépris de l’ontologie des deux ordres, cette valorisation de l’intériorité relationnelle qui fait de soi-même cesser toute opposition et tout préjugé, ce bercement des mots en somme, relève au mieux d’une naïveté au pire d’une ignorance totalement irresponsable portant sur ce qu’elle devrait pourtant connaître et enseigner : la part divine et adamique de tout homme. Cette représentation tronquée et fausse de l’humanité par la catéchèse moderne montre un pacifisme craintif, idéaliste et irresponsable d’une Eglise à bout de souffle soumise à la modernité et incapable de donner la moindre spiritualité à un monde qui en a cruellement besoin. L’Islam profite de cette brêche spirituelle, comme en témoigne le phénomène des conversions, et nous devons la combler au plus vite.
- La Franc-maçonnerie : Allah proche du grand architecte de l’univers ?
SI la capacité de pénétration de l’Islam dans la société actuelle est sensible et visible en dehors du caractère spectaculaire du Grand remplacement et de la visibilité cultuelle, elle est favorisée par la culture maçonnique qui a été particulièrement prégnante sous Michel Rocard au début des années 90 et sous Jacques Chirac de 1995 à 2007. La conception maçonnique de la République en particulier lors du quinquennat de Jacques Chirac de 2002 à 2007 a fait prévaloir un laïcisme militant et agnostique destiné à fondre notre culture et nos racines chrétiennes dans un corpus de valeurs morales abstraites et hors-sol, d’une universalité immanentiste et non transcendante, censées être compatibles avec toutes les religions. L’Etre suprême maçonnique, issu d’un déisme abstrait, a permis la diffusion sans tension de l’islam dans la culture française. Le parallélisme entre les attributs de l’Etre suprême et d’Allah est saisissant et demande à être plus amplement étudié.
- L’extrême gauche française léninistes migrants islamistes : un néo-prolétariat fantasmatique
La promotion de l’Islam politique a été assurée par tout un courant de l’extrême-gauche qui a vu dans les migrants et en particulier de culture arabo-musulman un nouveau prolétariat se substituant au prolétariat ouvrier, scandaleusement abandonné par une extrême-gauche boboïsée et terranoviste. L’émergence de ce nouveau prolétariat est consécutive à la géopolitique léniniste qui voit dans lutte des classes une réalité non pas seulement sociale et nationale mais internationale. Le monde occidental bourgeois est responsable d’une accumulation de capital à l’échelle mondiale qui crée des déséquilibres de richesses. Au prix d’une historiographie pour le moins sélective et caricaturale, le monde arabo-musulman, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine représentent un nouveau prolétariat international sur fond de culpabilité colonisatrice. Les pays occidentaux sont coupables d’une exploitation économique et culturelle. De ce fait, l’immigration et la contre-colonisation que nous connaissons aujourd’hui sont les prémisses d’une révolution prolétarienne d’un nouveau genre. Ainsi, les journaux comme le Monde diplomatique, Alternatives économiques, L’Humanité, Libération et dans une moindre mesure Le Monde ont contribué à véhiculer une culture de l’excuse et une haine de l’Occident qui a forgé une justification de la violence islamique comme une réponse différée de la violence coloniale. L’ironie de l’histoire est que les promoteurs de cette géopolitique anti-occidentale sont des libertariens qui sont honnis par les islamistes qu’ils défendent. L’Islam voit simplement en eux une opportunité pour fracturer et affaiblir l’Occident dans une résistance culturelle qui est plus qu’urgente. L’économisme, le matérialisme et le nihilisme de ces courants d’extrême gauche les empêche de penser en termes de conflits culturels et civilisationnel. Ils n’ont pas le logiciel intellectuel pour penser le changement de paradigme qui est à l’œuvre aujourd’hui : la fin de la fin de l’histoire et le retour du conflit entre deux aires civilisationnelles – l’Occident et l’Islam – historiquement concurrentes.