L’extrême-droite, c’est un nom, un symbole, un concentré sémantique de toute l’histoire de la folie et de la barbarie humaine.
C’est ainsi que l’histoire post-moderne est écrite. Il existe une histoire du Mal, une sorte de prédestination à être dans la lie de l’humanité et c’est l’ « extrême-droite » qui en représente la forme politique achevée : Louis De Bonald, Joseph De Maistre, Charles Maurras, Maurice Barrès, Louis-Ferdinand Céline, Philippe Pétain, Jacques Tixier-Vignancour, Jean-Marie Le Pen… Tous ceux qui s’approchent de près ou de loin de ce cercle de la déraison seront voués aux gémonies politiques, sociales, médiatiques et culturelles.
Et pourtant, dans le monde contemporain de la société liquide, du mouvement perpétuel, de l’interchangeabilité universelle, de l’individualisme libéral, la barbarie a changé de camp. La barbarie, c’est l’extrême-centre.
L’extrême-centre, c’est tout ce spectre politique qui se revendique de 1789, qui va de l’extrême-gauche droit-de-l’hommiste à la droite individualiste et libérale. Ils s’opposent sur les plateaux télés, dans les médias, lors des élections mais ils partagent rigoureusement la même politique. Leur affrontement n’est qu’un théâtre à machines, une géniale mise en scène destinée à mieux accentuer leur feinte opposition et mieux leur laisser le pouvoir entre les mains. D’alternance en alternance, le pouvoir passe d’un mondialiste à l’autre. D’un mondialiste l’autre : tel est le roman politique qui s’écrit depuis la disparition du général de Gaulle, peut-être de Georges Pompidou.
L’extrême-centre, c’est l’humanisme à l’extérieur et la barbarie à l’intérieur
L’extrême-centre, c’est la raison supposée face à la déraison, les « raisonnables » contre les populistes comme le dit Alain Minc dans son dernier ouvrage Voyage au cœur du « système ». La mondialisation libérale, amorcée avec les révolutions industrielles et accentuée par l’économie de la connaissance et la révolution du numérique, est une manifestation du Progrès, du sens de l’histoire. Lutter contre ce mouvement inéluctable, c’est se révolter vainement contre notre destin.
Notre destin pour l’extrême-centre, c’est l’individualisme libéral : la société n’est plus une communauté de destin autour de la Nation au service du bien commun mais un agrégat d’individus qui se croisent sur le terrain vague qu’est la France, qui « font France ». L’individu est l’unité de ce monde sans commun. L’extrême-centre défend bec et ongle cette approche individualiste car l’individu est précisément dépouillé de ces accidents d’appartenance que sont la famille, la Nation, la culture. Ainsi dépouillé, il n’est plus qu’une unité abstraite, un consommateur docile au service d’une mondialisation libérale. Pour l’extrême-centre, l’individu est le vecteur du Progrès, il en est l’instrument au service d’un bien-être collectif, d’une utilité collective. Comme dans le marxisme, l’individu rawlsien est le véhicule du progrès. L’extrême-centre, c’est le marxisme sans la théorie de la crise, sans retournement de la société mondialisée. Le schéma est exactement le même. L’homme est un moyen et non une fin. Premier signe de barbarie.
L’extrême-centre, et c’est la conséquence, c’est le promoteur de la société liquide, du mouvement perpétuel. Tout doit bouger. C’est la tyrannie du mouvement, de la marche, de la mobilité inconditionnelle. Tout ce qui est passé est investi d’une moins-value. La valeur de la personne dépend de son employabilité, de sa mobilité sociale, de son immersibilité dans les codes de la société libérale. Immobilisé par l’enfance ou par la vieillesse, voilà que l’homme perd sa valeur ce qui explique d’ailleurs le traitement peu favorable réservé par le gouvernement en 2018 aux personnes âgées. Cela explique aussi les saillies de certains membres du cercle de la raison, notamment Jacques Attali dans les années 80 ou plus récemment en Belgique en 2016, pour justifier l’euthanasie, les personnes âgées, dans la logique libérale, n’étant plus qu’une charge dans la comptabilité nationale. Cette dévalorisation de l’ancien est une tyrannie. L’extrême-centre est avant tout une tyrannie de la jeunesse comme en témoigne la gouvernance du président Macron.
L’extrême-centre c’est aussi l’impératif de mobilité pour les hommes, c’est l’immigrationnisme qui menace la continuité historique de la France et de l’Occident. Le regroupement familial depuis le décret du 29 avril 1976 et surtout le fameux et funeste arrêt GISTI du Conseil d’Etat du 8 décembre 1978 est consacré comme principe général de droit au vu du « droit à mener une vie familiale normale ». L’extrême-centre a relayé systématiquement toutes les politiques immigrationnistes. C’est même la marque de fabrique de son droit-de-l’hommisme, c’est son assurance moralité qui lui permet de se pavaner et de donner des leçons d’humanisme devant les caméras de télévision. Du Parti communiste français à LR, tout le spectre politique depuis le milieu des années 90 propose une « régulation de l’immigration », une maîtrise des flux migratoires, au mieux un arrêt de l’immigration quand ils ne considèrent pas tout simplement que le métissage est l’avenir de la France (N. Sarkozy, le 17 décembre 2008). Cette mobilité pour tous, c’est l’interdiction de la continuité historique pour les Français. C’est la barbarie du déracinement forcé, du métissage imposé, d’une histoire nouvelle qui n’est pas celle de la France mais celle de la France mondialisée, celle de la non-France. Imposer à un peuple, son remplacement, l’enfer du vivre ensemble, c’est un extrémisme qui défigure une civilisation deux fois millénaire.
L’extrême-centre, c’est aussi l’école post-68, la nouvelle école. Traduction : c’est la destruction programmée de l’école. C’est l’extrémisme de l’égalité. Il faut bien détruire la mémoire, son lieu de transmission pour promouvoir cette nouvelle humanité métissée et désincarnée. Une école sans hiérarchie, sans autorité, fondée sur l’esprit critique, la bienveillance désastreuse, le culte individualiste du cas par cas. Une école sans collectif où « tout le monde passe », où il n’y a pas de discipline – au double sens du terme – où l’on ne hiérarchise plus rien, ment à tout le monde : aux élèves, aux parents, aux employeurs, aux futurs employés. C’est la barbarie de l’égalité et de l’indifférenciation généralisée. C’est l’enfer pour tous, les bons élèves comme les mauvais.
L’extrême-centre, c’est cette tromperie politique qui a permis à la moraline de régir toute pensée et toute action politique au mépris des droits les plus fondamentaux pour les peuples et au mépris du bon sens le plus élémentaire. La condamnation morale de l’extrêmisme qui bloque et inhibe toute pensée politique doit être rendue à son vraie propriétaire : à celui qui détruit les peuples historiques, à celui qui n’a aucun respect pour la vie, le patrimoine, le passé, l’école, l’enfance, la vieillesse. L’extrémiste, c’est lui.
L’extrême-centre, c’est un nom, un symbole, un concentré sémantique de tout le présent de la folie et de la barbarie humaine.
1 réflexion au sujet de “3 février 2019 : Qu’est-ce que l’extrême-centre ?”