Européennes 2019

Contre le culte de la mobilité – Soutien à la proposition 60 de la Ligne Claire

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60. Abandon, sauf rares exceptions (pour les ambulances, la police, ou à des fins militaires), de la fabrication et de l’importation d’automobiles plus rapides que les limites autorisées sur les routes et autoroutes. La loi n’a pas à être défiée et contredite par l’industrie.

 

La mobilité est une des grandes questions du début du XXIème siècle.

L’individualisme libéral et le progressisme technologique ont érigé la mobilité en valeur indépassable. Le nomade, qui se déplace, et vite, de hub en hub, est devenu la figure emblématique de l’intégration dans la société mondialisée et de l’humanité déracinée promue par Bilderberg et Soros. Le Pacte de l’ONU pour des migrations sûres, ordonnées et régulières dit Pacte de Marrakech signé le 19 décembre 2018 s’affirme comme un facilitateur de mobilité, un accélérateur du Grand Remplacement. La mobilité universelle est l’instrument sinistre du Grand Remplacement.

Le sédentaire est socialement, économiquement, médiatiquement disqualifié renvoyé à un statut de perdant de la mondialisation. L’enracinement, l’immobilité, la stabilité sont perçus comme une frilosité, une peur. Je reste persuadé que le mouvement des Gilets Jaunes, cristallisé initialement sur la hausse du prix de l’essence et sur la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes nationales, est une réaction hostile à une assignation forcée à résidence, à un creusement des inégalités sociales et économiques par la mobilité : ceux qui ont le droit à la vitesse et ceux qui en sont privés, cantonnés à la périphérie d’une France que le pouvoir altérocrate condamne à mourir. La présidence d’Emmanuel Macron (En Marche !) est le président de cette mobilité mondialisé, de ce remplacisme par le mouvement perpétuel. De fait, les Gilets Jaunes ont remarquablement retourné la symbolique des ronds-points : les ronds-points ont été imaginés dans le cadre de la mécanique des fluides pour apporter de la fluidité et éviter les goulets d’étranglement des feux ou des stops. Les Gilets Jaunes ont transformé ce symbole de la société liquide en lieu de rassemblement, d’enracinement, de solidité, de solidarité.

Le changement des infrastructures routières (de la nationale à l’autoroute) dans les années 60 symbolise ce passage d’une monde villageois à un monde urbain. Les routes nationales sont segmentées par les villages et offrent alternativement le spectacle de la ruralité et de l’urbanisation à taille humaine. La route nationale, c’est l’errance, c’est la France, c’est l’espace du temps long. L’autoroute est un espace de projet, de mobilité intéressée. Elle promet d’aller d’un point à un autre dans un temps le plus réduit possible. C’est l’espace de l’abstraction où l’on traverse un paysage uniforme sans villages, sans église, sans nom, si ce n’est celui des « sorties ».  Le remplacement de la route par l’autoroute, de l’errance poétique par la vitesse, contribue à la méconnaissance croissante par nous-mêmes de notre propre pays et à la périphérisation de la France périurbaine et rurale.

L’intérêt de cette mesure est de ramener la vitesse et la mobilité à sa finalité initiale: la vitesse est la mobilité de l’urgence au service des nécessiteux, de la sécurité ou de la Patrie. La proposition a le mérite de proposer de ralentir cette dynamique infernale de la vitesse qui rend notre monde plus barbare, qui déshumanise les rapports interpersonnels, qui ramène tout à l’efficacité. Peut-être peut-elle engager à une réflexion sur la reconfiguration de notre espace routier pour retrouver le contact avec la France rurale, charnelle que nous avons perdue avec les abstractions autoroutières.

L’économie de la mobilité a engendré une course à la vitesse, à la puissance. Le progrès technologique  engendre une disparité croissante entre le possible et le légal d’où des infractions répétées ou des risques accrus. L’encadrement des processus de fabrication ou de la réglementation à travers des normes, telle que présentée dans la proposition, assure une non-contradiction entre la loi du marché et la loi de l’Etat.

Sortir de la mobilité à tout prix. Retrouver le sens de la stabilité, de la continuité, de la variété. Tel est un des atouts des propositions 60 de la Ligne Claire que nous soutenons pour les élections européennes du 26 mai 2019.

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