81. Proclamation du latin comme une des langues officielles de l’union européenne. Son étude dès le collège sera vivement encouragée, comme celle du grec, et sa renaissance en tant que langue vivante, sur le modèle de l’hébreu, sera activement soutenue.
Enfin une liste qui parle du latin ! Langue de la romanité, langue des Pères de l’Eglise, langue de l’extraordinaire développement de la philosophie médiévale, le latin est plus qu’un symbole. C’est le vecteur de la civilisation que nous souhaitons ne pas voir mourir.
Le latin est d’abord de symbole de la romanité, de la Virtus romaine dont la civilisation occidentale contemporaine, altérocrate et acquise aux valeurs féminines (bienveillance, écoute, maternance généralisée), a totalement perdu le sens. Cette langue est un point de rencontre entre la poésie bucolique et raffinée d’un Virgile et la rhétorique guerrière d’un César ou d’un Lucain. Toutes les valeurs de la civilisation y sont contenues. Elle est tout le contraire de la mollesse contemporaine. Elle sait dire la violence, l’audace et reste avec le grec la langue matricielle de l’épopée et de l’esprit conquérant dont nous sommes dépourvus aujourd’hui.
La rigueur syntaxique du latin, son caractère très concret et parfois très abstrait permet par ailleurs de faire le lien entre le concept et son incarnation dans le réel. Il manque à la culture occidentale contemporaine cette langue qui fasse la jonction entre le temporel et le spirituel, le tellurique et l’aérien. Le Français en était capable sous la plume d’un Bossuet, mais la langue française s’est fracturée. Le recul de l’écrit l’a rendue plus vulgaire, l’esprit des Lumières et le positivisme l’ont rendue abstraite, éthérée et jargonnante. Le latin garde ce point d’équilibre entre le général et le particulier. Il peut faire renaître un esprit philosophique et le sens du sacré que nous avons perdus sous l’influence du negotium, d’un esprit utilitariste et gestionnaire.
Le latin est de surcroît la langue de la distinction comme en témoignent les nombreux ouvrages de philosophie médiévale. Pour connaître, il s’agit de savoir faire les distinctions entre ce qui relève de l’essence, de l’accident, du genre, de l’espèce. Etrangère à la distinction, notre langue s’est complue dans l’indistinction et l’indifférenciation. C’est ainsi que par des mots désincarnés, dont les « valeurs républicaines » sont le plus tragique témoignage, nous sommes devenus incapables de nommer les choses. Notre langue s’est éloignée du réel alors que la langue latine semblait en saisir toutes les anfractuosités, toutes les nuances. Le « politiquement correct » naît de cette incapacité chronique à tracer des limites dans le réel, à classifier, à discriminer. Le latin est la langue de la limite, de la limitation, de la frontière alors que le Français contemporain est devenu la langue de l’illimité, de l’abstraction moralisatrice avec tout ce que cela peut avoir d’anxiogène.
Le latin est aussi une arme pour établir la continuité de la civilisation gréco-latine et chrétienne. Le monde post-moderne est habité par un désir de rupture, de tabula rasa. Hanté par le disruptif, il faut à tout prix tout détruire et tout refaire : un homme nouveau, une civilisation nouvelle ordonnée au métissage et au déracinement. Le latin est un réenracinement linguistique, un réarmement moral dont notre époque a furieusement besoin. Son usage écrit tracerait une ligne claire entre l’Europe et l’Afrique, établirait un distinguo ferme et évident entre les deux univers civilisationnels.
Le latin est aussi une langue prestigieuse dont l’universalité constituerait une concurrence au globbish – que l’on n’ose nommer anglais. Elle réaliserait par ailleurs une véritable unité entre deux univers distincts de l’Europe : l’univers anglo-saxon et l’univers méditérannéen dont le latin favorisait les interactions (chez les théologiens anglais XIIIème siècle par exemple).
La proclamation du latin comme langue officielle de l’Europe est une idée qui emporte notre entière adhésion. Elle envoie un signal claire pour notre unité civilisationnelle et constitue un préalable à notre réenracinement. Notre belle langue française est polluée par le jargon technocratique qui envahit toutes les sphères, médiatiques, politiques, psychologiques, philosophiques. Le latin permettrait un ressourcement linguistique et intellectuel précieux. Sur ce point, nous soutenons la Ligne Claire.