La Convention de la Droite s’est réunie le samedi 28 septembre à l’initiative de Marion Maréchal et a apporté un souffle nouveau au paysage politique français.
On peut retenir de cette Convention quelques phénomènes saillants :
Haro sur l’universalisme républicain.
La prestation d’Eric Zemmour a trouvé une tonalité juste, pessimiste, offensive, une tonalité qui a été reprochée par certains à l’intéressé. Eric Zemmour a résolument posé son discours à rebours de l’extrême-centre, progressiste, optimiste, prônant une société ouverte et liquide. L’évanescence et la légèreté des tenants de la mondialisation heureuse ont trouvé ce samedi une réponse dans un discours empreint de gravité qui dit deux choses : nous sommes dans un schéma historique tragique avec un fatum, la mondialisation, un tragos, les peuples qui doivent être sacrifiés. La politique doit lutter contre ce qui est présenté comme un destin inéluctable mais qui a un visage, une stratégie, une géographie : Soros, la liquéfaction et la liquidation de l’Occident, l’Europe occidentale et les Etats-Unis. Eric Zemmour n’a pas prononcé les mots qui l’auraient plongé dans les affres du « complotisme » mais on sent qu’en décrivant les conséquences désastreuses de la mondialisation libérale et libertaire, il n’est pas loin de penser aux causes.
E. Zemmour a engagé son auditoire averti (beaucoup de LR en recherche de droite…) à se méfier des deux universalismes : celui des cosmopolites, l’élite nomade connectée entre elle et déconnecté des peuples, et celui de l’Islam, un universalisme théocratique qui avance comme un poisson dans l’eau dans l’Etat de droit. E. Zemmour a montré, sans forcément l’expliciter, l’alliance objective entre l’universalisme républicain, fait de « valeurs » éthérées, protéiformes, malléables et ces deux universalismes qui utilisent la république pour substituer l’Autre au peuple français. « Le vocabulaire « républicain », dit-il, employé par les progressistes est aujourd’hui complètement désuet ». En effet, ce vocabulaire est le terreau sur lequel pousse le relativisme, le nihilisme, le culte de l’Autre, la dissolution du moi occidental par un surmoi cosmopolite. Surtout, cette mention du « vocabulaire républicain » réinterroge le socle des « valeurs » construites au Siècle des Lumières : individualisme, théorie du contrat, utilitarisme qui exclut la question du bien commun hors du champ politique. Tout ce substrat demande à être considéré comme un cycle historique dont nous voyons l’épuisement. Cette Convention, malgré elle peut être – sans doute -, a posé les bases d’un remise en question collective du cycle républicain dont l’épuisement nous apparaît chaque jour un peu plus.
E. Zemmour le dit sans ambages : « le progressisme est un matérialisme divinisé ». C’est une providence sans Dieu, un économisme matérialiste stérile et étouffant qui enlève petit à petit l’homme à sa propre humanité comme en témoigne le consumérisme inhérent au projet de loi en discussion sur la PMA ou la GPA. De fait, il a forgé dans cette Convention les armes intellectuelles pour résister aux forces de destruction du libéralisme-libertaire poussant l’Occident vers le néant. Il a levé le voile sur le remplacisme global auquel il a cherché à donner une expression politique. Cet effort mérite d’être amplement salué.
Une chaise vide mais…
Il était absent mais présent en quelque sorte dans les travées de la Palmeraie. On entendait ses mots, on suggérait du bout des lèvres ses idées. On a même osé prononcer son nom. Et on l’a même cité. L’invité surprise était Renaud Camus. Fini le « slogan d’intello » de Jordan Bardella. On s’y est collé et on a prononcé les termes politiques frappés d’opprobre par les médias de la « Deuxième collaboration » comme dirait l’auteur. C’est une des satisfactions de cette convention. On a fait fi des frontières de moraline établies par les médias de la gauche progressiste et on a tracé en toute liberté la frontière qui sépare l’extrême-centre mondialiste et immigrationnniste et les résistants qui souhaitent sortir des impératifs catégoriques du remplacisme global, de son fonctionnement mortifère, de son ingénierie sinistre qui artificialise tout, uniformise tout, et ramène l’homme a un produit désacralisé.
Une mésinterprétation signifiante
L’intervention de Paul-Marie Coûteaux a marqué cette Convention. Il propose comme alternative au progressisme le « paradigme de la nature » et insiste sur l’importance du « paradigme des choses ». Cette distinction est fondamentale car notre XXIème siècle est marqué par une virtualisation croissante, un nominalisme qui nous éloigne des choses. Sur le plan philosophique, c’est un appel au réalisme comme a pu l’exprimer Pierre de Lauzun dans son excellent ouvrage Pour un grand retournement politique, 2019 et il est heureux que la politique soit fondée sur la nature et sur les choses, un préalable à toute écologie humaine, n’en déplaise aux thuriféraires de Greta Thunberg et autres collapsologues régressifs.
Mais ce qui a marqué cette intervention, c’est le lien établi entre la « modernité totale » et le « nazisme ». Les policiers de la pensée n’ont pas manqué de faire une sommation au penseur délinquant. Plus que le propos – de bon sens pour qui a connaît La Mettrie, Taylor ou autres inspirateurs indirects de la barbarie industrielle que fut le nazisme – c’est la lecture du propos qui m’a surpris. Combien y ont vu une défense du nazisme ? Cette mécompréhension – très curieuse – est un signe. Elle montre la dictature de la modernité agissant sur l’esprit de nos contemporains. Si c’est moderne, c’est bon ou c’est vrai. Naturellement, accoler l’adjectif « moderne » revient à investir d’une valeur positive le substantif qu’il qualifie. Elle est aussi – et c’est plus tragique – le signe d’une perte de contact intime avec la syntaxe française et avec l’ironie, pourtant si française.
La meilleure de leur fiction : l’extrême-droite
Cette convention de la droite a montré enfin l’inanité du concept d’ « extrême-droite ». A la suite de cette Convention, sur les réseaux sociaux, le sens olfactif s’est réveillé chez Bernard-Henri Lévy, Vincent Cespédès et autres. Le réflexe pavlovien, lui aussi, est désuet. Tout le monde rejoue la pièce du « No pasaran » mais personne n’y croit plus vraiment. Pour preuve, l’outrance des mots (« schlingue » et une allusion au KKK chez Vincent Cespédès…). L’extrême-droite est décidément la meilleure de leur invention. Cette fiction a paralysé toute pensée politique, a été brevetée par tous les lobbies mondialistes, elle a pratiqué une chantage moral et politique délétère qui a laissé libre champ à l’altérocratie, au culte de l’Autre, à la haine de soi. La deuxième collaboration comme le dirait Renaud Camus, rejoint la première : les origines politiques des protagonistes de l’un et de l’autre sont les mêmes…
Cette Convention a ramené l’exigence intellectuelle, le tragique, les mots interdits, les tabous imposés par la gauche sur la scène politique. Elle a ouvert un champ d’interrogation qu’il convient de prolonger sans peur et avec courage en tirant honnêtement toutes les conséquences dans l’action politique, mêmes douloureuses.
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