La pandémie de Coronavirus que nous vivons actuellement a mis en lumière le problème bien connu du périmètre de l’action de l’État. La carence de lits dans les services de réanimation interroge non seulement la pertinence de la carte hospitalière et la répartition territoriale des services mais aussi et surtout les priorités que l’État se donne pour son action.
Or, l’accroissement du périmètre de l’Etat (36 missions de l’Etat au budget général en 2020) traduisent un éclatement de ses missions, un éparpillement budgétaire préjudiciable aux missions véritablement régaliennes, certaines missions étant vitales, d’autres incontestablement subalternes.
Le propre de l’action publique est d’assurer le bien commun des Français et les intérêts du pays. Une fois que l’on a dit cela, un effort singulier de définition s’impose.
La première définition nécessaire est celle du peuple français. La démultiplication des Français de papiers et de carton par une politique d’asile inconséquente et par la politique de regroupement familial profondément enkysté dans l’ADN français ont conduit à des transferts budgétaires qui ne servent pas l’intérêt de la France. Que l’on ne vienne pas objecter la fameuse contribution fiscale des étrangers à la prospérité française, argument seriné par l’extrême-centre (du NPA aux LR) depuis la fin des années 90. La contribution des étrangers repose essentiellement sur les contributions indirectes (TVA notamment) et leur consommation est elle-même assurée par des cotisations sociales reversées à la branche famille.
Ainsi, une part non négligeable des politiques publiques, Cohésion des territoires (15 Mds €), Immigration, asile et intégration (1,81 €), Sport, jeunesse et vie associative (1,21 Mds €), Enseignement scolaire (74,01 Mds €) est destinée à un peuple dissident, qui fait sécession ouvertement, cyniquement. Par conséquent, on peut à bon droit qualifier l’État postmoderne occidental – et français en particulier – de régime altérocratique : le gouvernement de l’Autre, par l’Autre, pour l’Autre. Cela pose un problème évident de consentement fiscal. Les Français financent en partie de nombreuses lignes budgétaires qui ne servent pas l’intérêt de leur propre Nation et financent même leur propre destruction. Il est donc nécessaire de savoir qui finance et dans l’intérêt de qui, pour refonder le consentement à l’impôt et être sûr que le produit de l’impôt défend l’intérêt de la France. Ce point est fondamental.
La deuxième définition nécessaire est le périmètre d’action de l’État. Ce périmètre doit obéir à des finalités simples : il doit permettre au peuple de subsister dans son être et trouver une place avantageuse dans le monde.
Persévérer dans son être c’est d’abord assurer la santé et les besoins fondamentaux de chacun. La question de la santé est cruciale, nous le voyons aujourd’hui. Comment accepter que les hôpitaux, devant l’afflux des détresses respiratoires dues au COVID-19, soient amenés à éventuellement choisir les patients selon des critères spécifiques, l’âge notamment. Ces choix, insupportables sur le plan psychologique pour les équipes médicales, et sur le plan politique et moral pour la Nation, montrent l’inhumanité foncière de cette dispersion budgétaire. Le progressisme postmoderne croyant béatement à l’éradication définitive de la nature, du mal et de la maladie, a conduit à cette impréparation en dépit de tout principe de précaution pourtant inscrit dans la constitution en février 2005. Le logement, l’hygiène et une alimentation vitale doivent eux aussi être assurés à l’ensemble du peuple français. Comment expliquer l’abondance de personnes sans domicile fixe alors que des chambres d’hôtel sont trouvées en urgence souvent financées par les collectivités locales (département) pour les migrants ? La subsistance, la dignité de l’ensemble du peuple français s’efface devant l’idéologie immigrationniste, le plaisir masochiste de l’autoflagellation et l’autodestruction. Les Français ont un devoir de contribution fiscale, c’est vrai, mais, en échange, ils sont en droit d’attendre que cette contribution serve les plus nécessiteux d’entre eux. Les 26,2 Mds € destinés en 2020 à la Solidarité, insertion et égalité des chances servent-ils d’abord à la survie, à l’habitat décent puis à l’insertion dans le circuit économique par le travail. Nous pouvons sérieusement en douter lorsque nous croisons le taux de chômage (8,1% en T4 2019) et le nombre de sans-abris (200 000 au total), en particulier ceux qui ont le malheur d’être Français… Une Nation qui n’a pas ces priorités dysfonctionne , marche sur la tête et crée un climat anxiogène de ressentiment tout à fait néfaste à la cohésion du pays.
Le cœur de la politique d’une Nation repose sur l’éducation. Nous ne pouvons plus accepter collectivement de consacrer 74,01 Mds € à la désinstruction nationale dont parle René CHICHE dans son dernier ouvrage. Pour l’enseignement défaillant de la langue, pour des performances désastreuses en mathématiques, pour la propagande historiographique, pour le désordre qui règne dans les cours, pour l’enseignement de la haine de la culture française dans les REP, on engloutit presque chaque année la totalité de l’impôt sur le revenu des Français (75 Mds €) ! Pour avoir un ordre de grandeur, 74,01 Mds € c’est aussi la politique de défense (46,07 Mds €), de l’écologie (13,24 Mds €), de la justice (9,3 Mds €), de l’agriculture (2,9 Mds €) de l’aide publique au développement (3,2 Mds €) réunies ! Un seul mot s’impose : gabégie, inacceptable pour les Français dont le système éducatif a été si longtemps envié de tous les pays européens.
La politique budgétaire doit aussi défendre les intérêts économiques des Français. L’idéologie mondialiste de libre circulation des hommes, des biens et des capitaux, les grandes orientations des politiques économiques (GOPE) qui renforcent le cadre européen (pacte de stabilité et de croissance) sont arrivées manifestement à leurs limites lors de la pandémie de COVID-19 : délocalisation de la production de médicaments, désinvestissements dans certains secteurs stratégiques de recherche, libre circulation du virus, surréaction des bourses et effondrement de l’économie virtuelle, ralentissement ou cessation de la production pour certaines entreprises. L’économie a été et sera durement impactée. Si l’on suit le dogme mondialiste, les États devraient rester spectateurs, mettre en place une politique sociale, aider les marchands mais en aucun cas intervenir pour ne pas perturber les lois du marché. Cette vision de l’économie qui sanctifie le « marché » est fausse car comme le dit Pierre-Yves GOMEZ dans l’Esprit Malin du capitalisme (2019) l’espace « marché » est à bien des égards un mythe. Mais surtout l’idéologie libérale sépare artificiellement État et économie comme s’il s’agissait de deux champs totalement séparés alors qu’il existe des interactions permanentes car, comme M. Jourdain, sans le savoir, l’État fait de l’économie en créant des externalités positives, et l’entreprise crée de la norme. Même le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a évoqué dans son discours du 9 mars des possibles renationalisations, temporaires certes mais on voit le chemin intellectuel accompli. L’État doit être un support, un conseil, s’adjoindre des compétences pour se doter d’une intelligence économique et stratégique. Il doit savoir protéger sa création de valeur, utiliser un protectionnisme éducateur (F. LIST) et un protectionnisme stratégique pour l’intérêt, là encore, des Français.
Le budget d’une Nation, sa répartition, dit la philosophie qui l’anime. Le monde postmoderne a déplacé le cœur de la politique de la préservation de la vie vers une lutte pour la croissance qui développe une culture de mort et s’avère tout à fait sous-optimale en termes économiques. Repensons le périmètre de l’État autour des priorités qui servent l’intérêt de la nation, retrouvons le principe de proximité en finançant la survie, la prospérité le cas échéant des nôtres et non des autres.
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