
Emmanuel Macron a reconnu lui-même au lendemain du 1er tour que le « front républicain » n’existait plus. Il s’est bien gardé d’ajouter qu’il s’agissait d’une fiction politique destinée à reconduire la même force depuis tant d’années et à diaboliser ceux qui ont le malheur de contester la submersion migratoire, la communautarisation de la société française, la disparition programmée de la France et de son peuple. Le conte pour enfants qui scénarise l’opposition entre l’ « extrême-droite » et le « front républicain » est à ranger dans l’enfer des bibliothèques. Cette force politique, protéiforme, politiquement plastique, qui affrontera Marine Le Pen le dimanche 24 avril, c’est l’extrême-centre.
Il s’agit tout d’abord d’un centrisme. C’est son habillage, son empaquetage.
Qu’ils soient au PCF, au PS, à LREM ou à LR, ils ne jurent que par le consensus social, la société apaisée, le refus des questions clivantes, c’est-à-dire l’occultation des questions essentielles soulevées par une société en mutation qui perd ses murs porteurs. Dans le sillage de Soros et de l’Open society, ils ont prêché pendant de longues années la société du mouvement (la République « En Marche »), la société de la plasticité. L’égalité des chances, la réussite pour tous, la mobilité sociale, la mobilité professionnelle se sont imposées dans la rhétorique politique à mesure que de plus en plus de freins s’y opposaient. Dans un écart saisissant entre le langage et le réel, le déclassement, la prolétarisation gagnaient à mesure que l’on chantait la « théorie du ruissellement », la « société de coopération », la « bienveillance », les « synergies » ou autres lubies de consultant.
Ce centrisme a aussi défendu corps et âme un pacifisme rhétorique destiné à couvrir les fractures de plus en plus béantes qui se créaient dans notre propre société. Le cheval de bataille de cette idéologie pacifiste fut l’Union européenne, véritable Cheval de Troie de la dissolution des Etats. En effet, le centrisme d’apparat, prôné par les élites politiques, nous a vendu l’UE comme un espace de paix et de consensus, la compagnie d’assurance du « plus jamais ça ». La transmission de sa culture est devenue « nationalisme toxique », la protection de sa civilisation « fermeture » voire « haine ». Ainsi s’est mise en place toute une sémantique de l’ouverture qui a constitué la marque de fabrique de ce centrisme : ouvrir, c’est dissoudre le système des Etats, c’est abolir les frontières qui sont autant de motifs de conflits. Supprimez la frontière, vous aurez la paix universelle. Supprimez les barrières économiques, vous aurez le « doux commerce ». Ce centrisme lénifiant nous a conduits, dans tous les domaines, à renouer avec l’esprit de Munich, à transformer le renoncement, l’oubli de soi en projet politique enthousiasmant, en « sens des responsabilités ». Le centrisme est avant tout une éthique : l’ « humaniste » est celui qui va assurer la paix sociale d’aujourd’hui, laisser faire le Grand Remplacement pour ne pas « attiser les tensions », assurer son propre confort moral et intellectuel et priver ainsi demain les générations futures de leur propre culture et civilisation. Il gère le désastre, « sécurise l’enfer » (Renaud Camus), évite toute politique.
Le centrisme est en effet l’impolitique par excellence. Il est la promotion de la technocratie, de la rationalisation des politiques publiques qui met à l’abri des caprices d’une société démocratique. C’est une démocratie techniciste, dont les origines remontent aux années 30 (le cercle de réflexion X-crise notamment) et qui se poursuit par la rationalisation des choix budgétaires, les RGPP de 2007-2008, MAP de 2012 et surtout par le culte de la « Réforme ». C’est une social-démocratie masquée, un cercle qui se pare des atouts de la Raison pour réduire toute politique publique à des processus assurés par les experts dans un saint-simonisme clairement assumé par Emmanuel Macron. On ne conduit plus la France. On la gère. On ne préside plus. On « fait le job ». La participation électorale et l’intérêt pour les affaires publiques dans la société française sont inversement proportionnels à la progression de ce système, de cette Machinerie. Une technocratie bien faite n’a plus besoin d’élection puisque la démocratie met du chaos, de l’aléatoire, de l’imprévisible dans une machinerie procédurale qui est à elle-même sa propre définition du bien, du vrai et du juste. Une « machine et ses rouages » (en URSS ou dans la post-modernité) doivent à tout prix éviter l’expression de quelque volonté que ce soit.
Emmanuel Macron a parfaitement incarné ce centrisme d’apparat, cette rhétorique humaniste notamment en 2017 et aujourd’hui même en rejouant l’écoute apaisante des classes populaires.
Mais, l’extrême-centre est surtout un extrémisme. C’est à ce titre qu’il doit être combattu avec la plus grande vigueur dimanche 24 avril.
Il s’agit d’un extrémisme civilisationnel, tout d’abord. La France est un héritage, une histoire, un peuple enraciné comme Éric Zemmour n’a cessé de le rappeler durant sa remarquable campagne. Avec l’entrée de 2 millions d’immigrés durant son quinquennat, sa coupable passivité face à la sécession évidente des quartiers dits « populaires », face au Grand Remplacement en peau de panthère qui livre la France à une occupation jihadiste étrangère et hostile, Emmanuel Macron laisse dériver la France vers un Hexagone sans mémoire, sans tradition, sans calendrier, sans peuple véritable. L’effacement de la mémoire imposé dans les programmes de l’éducation nationale, l’inaction face à l’implantation de la cuture woke et l’encouragement des réformes sociétales qui détruisent le sens de la famille, tout cela constitue une destruction délibérée des murs porteurs de la France. Pas de la France traditionnelle, de la France d’avant mais de la France tout court. Le premier devoir d’un chef d’État est de garantir la persévérance dans l’être du pays dont il prend en main le destin. Or, Emmanuel Macron est en train de transformer la France en une communauté aléatoire de peuples déracinés qui se croisent comme dans un hôtel ou un hall de gare. Emmanuel Macron est habité en effet par un idéal de type révolutionnaire (N’était-ce pas du reste le titre de son livre en 2016 ?) Il s’agit d’opérer une « régénérescence », de faire table rase de tout le passé pour ouvrir un temps politique nouveau. Les Gilets Jaunes, à leur début, furent un mouvement de résistance à cette régénérescence de la France, de son vieux peuple, par un peuple neuf. On n’a toujours pas oublié le traitement de choix qui leur fut réservé… La France périphérique doit le rester, se faire oublier car elle est à la périphérie du monde nouveau, fondé sur l’inappartenance, l’anidentité. Emmanuel Macron est loin d’être le seul à penser ainsi : que penser de Jean-Luc Mélenchon et de sa « créolisation » souhaitable ? Du parti socialiste qui transforme Paris en bidonville global ? De Nicolas Sarkozy lui-même qui vient de rallier Macron pour le 2nd tour et qui disait en décembre 2008 : « la France doit (pas « peut, « doit » ! NdA) relever le défi du métissage » ou « l’universalisme de la France est basé sur le métissage » ? Défaire la France, oublier son histoire, la condamner à n’être plus respectée et désirée, accepter, orchestrer même, sa disparition ainsi que celle de son peuple, n’est-ce pas le pire des extrémismes ?
L’extrême-centre est de surcroît un extrémisme politique. La politique sanitaire d’Emmanuel Macron à laquelle ont adhéré sans aucune exception presque toutes les forces politiques (sauf Nicolas Dupont-Aignan, Florian Philippot, François Asselineau, et quelques sénateurs courageux dès le 12 juillet 2021) a illustré de manière tragique l’essence de l’extrême-centre. Les choix opérés par Emmanuel Macron ont consisté, on le sait, à faire une pression insensée sur les Français pour qu’ils acceptent la voie du tristement fameux « schéma vaccinal ». Le Président de la République a tout tenté pour arriver à ses fins : fracturation de la citoyenneté, mesures technocratiques aussi absurdes les unes que les uns (le virus du train qui vous épargne lorsque vous êtes assis…), déclassement de toutes les institutions de la République (du Parlement à sa botte, jusqu’au Conseil d’État et au Conseil constitutionnel qui se sont mis au service d’un exécutif omnipotent). Emmanuel Macron a fait du régime d’exception un régime de droit commun sous l’approbation incompréhensible de tous les responsables politiques. L’État a laissé place à un totalitarisme soft qui a révélé à la fois son néant politique et sa puissance technocratique. Le propre de ce totalitarisme est d’avoir été jusqu’à évacuer non seulement l’opposition politique mais aussi et surtout la médecine, la science et la raison. Combien de médecins ont déploré sans être entendu la désincitation aux traitements contre le Covid ? Combien de médecins ont regardé, stupéfaits, le déploiement, sans pouvoir le contester, d’une vaccination de masse en pleine « pandémie » dans le mépris le plus total des règles de l’art d’Hippocrate ? Les Français ne peuvent oublier les cicatrices profondes que laissera cette ignoble politique qui relevait plus de la tyrannie que de la démocratie libérale.
L’extrême-centre c’est enfin l’extrémisme de la « servitude volontaire ». C’est un point fondamental. Si Emmanuel Macron a été si persévérant dans sa politique sanitaire, et si l’ensemble de la classe politique l’a suivi, c’est parce que la France n’est plus selon eux un espace de souveraineté pertinent. Le temps de l’État est terminé pour l’extrême-centre. Le temps de la liberté aussi. Voici venu le temps de l’ordre minéral, de la sécurité, du safe sous contrainte et sous surveillance. C’est aussi le temps des politiques internationales interdépendantes et interconnectées. Lorsque Macron a crié en 2017 « parce que c’est notre projet », je pense qu’il ne savait pas exactement lui-même en quoi il consistait. Son expression se réduisait à l’époque au « vide sidéral » qu’avait dénoncé Marine Le Pen. Mais depuis, dans l’esprit d’Emmanuel Macron, le projet a gagné en consistance et en contenu. La Grande réinitialisation de Klaus Schwab, livre écrit en juin 2020, en a donné les contours précis et l’extrême-centre suit les prescriptions du maître de Davos à la lettre. L’épisode sanitaire a donné l’occasion d’opérer l’accélération d’une numérisation qui modifie profondément la vie économique, les rapports sociaux, le rapport au travail lui-même comme on a tous pu le vérifier dans notre quotidien. Emmanuel Macron a fait quelques discrètes allusions, ces derniers jours, à des « méthodes nouvelles ». La Grande Réinitialisation a donné surtout l’occasion de constituer des politiques coordonnées prises en charge par des acteurs politiques inhabituels : les organisations internationales comme l’OMS, les cabinets de conseils, des groupes d’influence comme le Forum Economique Mondial. L’extrême-centre prône ainsi une refonte totale de la conception politique et une redéfinition intégrale de son périmètre. Le peuple n’est plus le sujet de la politique. Il en est l’objet. L’Etat n’en est plus le creuset. Il en est le maillon, et même le maillon faible. Dans le viseur de Macron – comme de Sarkozy il y près de 15 ans ! – un nouvel ordre mondial, incontestable, indépassable. On peut compter sur le système pour ranger ceux qui dénoncent cette entreprise dans la secte des complotistes. L’extrémisme de la soumission secrète son antidote, se protège, comme le dit Renaud Camus, par la « théorie de la théorie du complot ». Ne nous laissons pas aveugler par ces procédés d’intimidation intellectuelle et sachons voir dans l’extrême-centre ce qu’il est : le Parti Unique de la postmodernité.
C’est pourquoi, dimanche 24 avril, Marine Le Pen, qu’on le veuille ou non, constituera le seul rempart contre le Parti Unique de la « Bête de l’Évènement »…
Je me trompe peut-être mais je trouve que votre analyse du temps présent se raccorde quelque part à celle d’Abel Bonnard à la veille de la guerre dans son essai « les modérés ». Les petits « révolutionnaires » en costume et chaussettes en soie sont toujours là pour défendre leurs intérêts et ceux de « leurs amis ». Ruiner un pays, démolir une civilisation, se jeter dans la barbarie n’est rien pour eux pourvu que leur conscience reste immaculée et leurs fesses à moitié propres. Cette élection sabordée est dans cette continuité tout à la gloire de l’État Moloch qui réclame notre soumission et surtout notre médiocrité à l’image de la leur. J’ai servi la République pendant 42 ans et je ne suis plus républicain. Je ne salue plus le drapeau et je refuse d’écouter le hideux chant révolutionnaire qui nous sert d’hymne national. Pourtant, j’irai voter tant que je suis autorisé à le faire, pour au moins que la victoire probable de Macron soit la plus minable possible.
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