Economie

Les missions originelles de l’euro

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Il n’est pas envisageable d’évoquer l’économie d’un pays sans analyser l’instrument monétaire. Or, consécutivement aux spéculations graves qui ont eu lieu sur le franc dans les années 1992 et 1993, et sur l’ensemble du système monétaire européen dont les monnaies ont divergé voire dévissé, il est apparu vital de constituer une monnaie unique à l’image de l’ECU défini sur un panier de monnaies, chacun ayant une pondération en fonction du poids économique du pays. L’ECU était une sorte de monnaie fédéralisée, un étalon qui n’impliquait pas la disparition des monnaies nationales mais contraignaient les variations de leurs valeurs en concaténant chacune d’entre elles autour d’un taux pivot  dans un « tunnel » commun. Cette interdépendance des monnaies était une garantie de bonne pratique à l’intérieur de la communauté économique mais ne protégeait aucunement les attaques monétaires extérieures ce qui ne manqua pas d’arriver avec les fonds de pensions américains au début des années 90. Face à ces attaques extérieures, l’Union économique et monétaire déjà souhaitée par Jacques Delors dès 1988 au nom d’un sens progressiste de l’histoire, fut quasiment impératif en 1994 lors de la mise en place de l’Institut monétaire européen. L’IME a renforcé la coopération des banques centrales nationales et a engendré une coopération accrue des politiques monétaires pour préparer le système européen des banques centrales qui devait conduire à la création d’une monnaie unique. La monnaie unique, pensée par Jacques Delors, a été investie de cette double mission :

  • Une mission civilisationnelle : concrétiser monétairement l’Union européenne revient à retirer aux Etats-nations une partie historique de leur souveraineté (battre monnaie) et permet d’amorcer la constitution des Etats-unis d’Europe rêvés par Victor Hugo et Jean Monnet et tous les sociaux-démocrates qui estiment que l’Etat nation n’est plus l’échelon pertinent d’une gouvernance moderne.
  • Une mission économique : engager la convergence des économies européennes même si leur structure est profondément divergente comme la France, économie tertiarisée, high tech et plutôt importatrice et l’Allemagne, économie industrielle et très exportatrice.

Ces deux missions ont été brillamment menées et nous ont conduits au début du XXIème siècle à l’adoption d’une monnaie unique dont les conséquences n’ont pas été celles initialement prévues.

Force est de constater que la souveraineté monétaire des Etats a été perdue mais cela faisait partie de l’objectif.

La protection vis-à-vis des attaques monétaires spéculative a fonctionné lors de la crise des subprimes de 2008 et la crise économique de 2011. L’euro est resté une monnaie forte de référence qui, au même titre que le dollar, a joué son rôle de bouclier monétaire. Sans cela, la crise des subprimes aurait pu entraîner des mouvements spéculatifs qui auraient fait diverger profondément les économies et auraient créé des dissymétries profondes en terme de crédibilité financière entre les pays.

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