L’Union européenne, née sur les cendres des deux guerres mondiales qui ont déchiré ces peuples, refuse la guerre (par pacifisme post-historique), la chrétienté et l’héritage gréco-romain. Autrement dit, elle nie les trois piliers – pas ceux du TUE ! – qui constituent l’identité européenne. Au lieu de cela, qu’avons-nous ?
Un Arlequin identitaire qui impose le mutisme aux génies nationaux comme l’illustre l’absence de grandes figures historiques des nations dans les billets de banque. Cet univers minéral correspond tout à fait à une entité désincarnée, post-historique qui ne garde de son histoire que les ruines et non la force vive des maîtres et des pères.
Machinerie administrative, techniciste et technocratique, elle n’est qu’une construction utopique et fantasmatique qui est marquée d’un péché originel : la négation des frontières ou l’incapacité chronique à en fixer semble être un exorcisme de la guerre, du fascisme et du nazisme que l’Union européenne fait tout pour conjurer dans une conscience historique quasi-hystérique. SI « Le nationalisme c’est la guerre », l’Union européenne a pour vocation de dissoudre les nations.
Par là-même elle a pour vocation de détruire la passion belliqueuse et la libido dominandi. L’Union européenne s’est dès lors dotée d’un projet non seulement économique mais aussi et surtout moral. Instrument de paix, elle est le support d’une anthropologie nouvelle : l’homme sans racine, sans histoire, sans qualités. L’homme de Rawls, pleinement poreux à l’individualisme libéral. l’Union européenne est aussi cet instrument moral de rédemption historique pour toutes les nations européennes historiquement fautives de la peste brune : l’Allemagne bien sûr, la France, l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal. La rhétorique insupportable de la culpabilité historique des nations européennes – que certains politiques relaient dans un intérêt lamentablement électoraliste – est la conscience « post-moderne » de l’Europe. L’identité de l’Europe, son projet c’est d’être le témoignage vivant de la culpabilité du fascisme. C’est un musée sans âme et sans force, une vitrine de valeurs déjà mortes qui ont été foulées et qui sont aujourd’hui passablement regrettées.
Le débat permanent sur l’intégration de la Turquie dans l’Union européenne trahit cette incapacité de l’Union européenne à créer un espace conscient de lui-même, de ses racines, de son identité. Une incapacité à tracer des limites car précisément l’Union européenne est une Europe sans histoire mais aussi sans géographie. C’est une Europe de valeurs hors-sol, désincarnées sans limites naturelles. C’est un espace de la culture sans nature.
L’Union européenne est le fantasme d’un vieux continent assagi, post-militaire, une terre d’expérimentation de fin de l’histoire, une utopie et une uchronie.
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