Politique institutionnelle

La mythologie républicaine

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La république, à travers la mission universaliste dont elle est investie, paraît être inamovible et semble être un cycle terminal de l’histoire politique quand on se prend à écouter les thuriféraires du régime républicain.

Pourtant, force est de constater la jeunesse d’un régime qui est né dans les soubresauts de la Révolution qui a été incapable de s’imposer durablement à la fin du XVIIIème siècle pour n’être en 1848 qu’un régime de transition avec le IInd Empire. La IIIème République s’est installée en 1871 sur la convergence de trois facteurs : la défaite calamiteuse contre les Prussiens en septembre 1870 lors de la bataille de Sedan, la Commune de Paris et le refus du Comte de Paris de revenir au pouvoir.  La mythologie républicaine qui s’est instaurée sous l‘influence de la Franc-maçonnerie et qui a été relayée par l’historiographie de l’époque a conduit à considérer l’obsolescence quasi-naturelle du régime monarchique. La monarchie française, perçue comme un musée de l’histoire de France, a été inscrite dans une téléologie marxisante : à l’âge féodal doit succéder l’âge capitaliste puis la société socialiste. L’avènement de la République a correspondu à cette vision et le IInd Empire a été perçu comme l’expansion d’une bourgeoisie capitaliste ayant vocation à être renversée par les mouvements anarchistes et marxisants qui se font jour en cette fin de XIXème siècle. La République est désormais le terrain de l’histoire en marche.

Or, la République n’est qu’une forme de gouvernement comme l’affirme l’article 89, alinéa 5 de la Constitution de 1958 à travers son expression « la forme républicaine du Gouvernement ». En termes philosophiques, elle est l’accident non nécessaire d’une essence qui lui préexiste, l’Etat. En l’occurrence, nous assistons actuellement à l’imposture d’une essentialisation de la République qui n’est plus exprimée comme une forme accidentelle de gouvernement mais qui est la France elle-même.

Les discours autour des valeurs républicaines, dont l’abstraction philosophique les ramène au niveau de vérités révélées, trahissent à la fois la disparition de la notion de Nation à laquelle se substitue la forme politique, technique et contingente de celle-ci. Là se révèle la tendance nominaliste de notre société contemporaine. Reniant l’essence des choses, nous prenons comme essentiel ce qui n’est qu’accidentel et nous prêtons indûment à la forme républicaine les attributs de l’Etat ou de la Nation. Ce glissement de sens a une importance cruciale. Il nous installe dans un régime foncièrement techniciste, désincarné ou l’administratif conduit le politique.

La situation aporétique entre le gouvernement des hommes et l’administration des choses ne peut être résolue sans changement radical de paradigme qui permettre de penser le politique autrement qu’à partir d’une forme particulière de gouvernement.

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