Education

L’école ou l’apprentissage de la désaffiliation

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Le célèbre dégraissage du mammouth, sans être un problème anodin, n’est sans doute pas la priorité d’une politique éducative qui permette à l’élève de retrouver le goût et le sens des apprentissages, ou mieux de renouer avec le savoir.

Sous l’impulsion des IUFM créés par la loi d’orientation du 10 juillet 1989 dite « Loi Jospin », l’école a été soumise à une idéologie égalitariste. Cette idéologie a considéré que la culture avait une fonction discriminatrice et qu’il convenait de l’abolir pour servir son projet politique.

Le professeur a donc eu pour fonction d’être un ingénieur de formation, animant et orchestrant les apprentissages auto-construits de l’élève dans une logique de désaffiliation avec sa propre culture.

 

La désaffiliation historique

Le professeur ne donne plus un savoir qu’il évalue par la suite mais donne aux élèves des méthodes, ce qui a eu un impact désastreux sur la qualité de l’enseignement de certaines matières. En histoire, les Inspections générales ont renoncé à l’ambition démesurée de faire retenir les grandes dates de l’histoire de France (le fameux « récit national ») mais ont conduit leurs professeurs à étudier des documents comme des historiens. De fait, le récit de l’histoire s’est effacé au profit de la méthode de l’historien avec – bien sûr – l’exercice du fameux esprit critique. Cette approche de l’histoire a entraîné un recul du récit national autour duquel se crée la cohésion d’un peuple et sa culture commune. Plus gravement elle a entraîné une perte de mémoire collective, amnésie orchestrée par l’Education nationale qui est motivé par la destruction des nations au profit d’une communauté humaine indéterminée, a-mémorielle. Le pacifisme et l’égalitarisme béats qui ont occasionné ces politiques éducatives désastreuses ont conduit bien sûr à l’exact contraire de ce qui était attendu : repli des communautés immigrées sur des mémoires du pays d’origine, souvent fantasmées ou mythifiées d’où la croissance de l’islamisme chez les jeunes, affaiblissement du sens national et accroissement de comportement individualistes et de repli sur le monde virtuel des écrans chez les jeunes français de souche.

La désaffiliation géographique

En géographie, même chose : alors qu’un élève moyen de 3ème est incapable de placer sur une carte de France des villes comme Nantes, Marseille, Nice, confond – rarement quand même –  Paris et Orléans, on croit bon de gloser sur les dynamiques territoriales de la France contemporaine (le « bougisme » est investi d’une valeur suprême) et l’on se demande « Pourquoi et comment aménager le territoire », territoire dont on étudie la transformation sans étudier les données naturelles de départ ce qui est confondant de stupidité…   Pourquoi ? L’école doit guérir sa jeunesse d’une tentation maurassienne de l’amour de la terre et des morts.  L’enjeu idéologique est réel. Alors que la jeunesse est en train de se retourner sur son passé, l’Ecole souhaite achever le travail de désaffiliation territoriale afin de pouvoir substituer aux territoires réels, naturels, culturels desterritoires idéologiques, issus de la déconstruction : l’Europe, la « patrie des droits de l’homme », la citoyenneté sans cité. Perdre le contact avec la géographie physique est fondamental pour entrer en dépendance avec les nouveaux territoires virtuels que nous dessine la nouvelle économie numérique.

La désaffiliation cognitive et sociale

Pire que cela, le professeur est, sur demande, devenu un Gorgias moderne. Le Conseil National des Programmes a conçu « démocratiquement », « à partir d’une  consultation élargie de l’ensemble de la communauté éducative », des programmes fondés sur l’interdisciplinarité animés par une logique « curriculaire », bref un gloubi-boulga mélangeant un peu tout sans donner des connaissances solides sur rien. L’idée de conférer un caractère transdisciplinaire au savoir n’est pas en soi une mauvaise idée. L’approche interdisciplinaire pourrait permettre de voir derrière la multiplicité des sciences, l’unité de la nature en faisant dialoguer les différentes sciences. Mais cette approche transdisciplinaire ne s’appuie pas sur l’acquisition solide de connaissances de bases qui font de plus en plus défaut aux élèves. Le taux ahurissant d’illettrisme en France (7% de la population) montre que l’acquisition des savoirs fondamentaux n’est pas assurée et que l’école manque à son devoir premier. Un tel taux d’illettrisme engendre fatalement une forme de désocialisation et il est paradoxal que le gouvernement, qui est obsédé par la vocation égalitariste et intégratrice de l’école, crée les conditions malheureuses  d’une désaffiliation et d’une désintégration sociale. Sur fond de cet échec cuisant, l’école conduit l’élève à développer des stratégies de compensation comme les dispositifs spécifiques pour élèves en difficultés, la valorisation outrancière de l’oral, l’attitude bienveillante à l’égard de la « dyslexie » – mot générique pour cacher l’illettrisme.

Il est clair que cette tendance désaffiliatrice de l’école correspond aux exigences du monde moderne et plus gravement à l’évolution de l’homme aujourd’hui : univers commercial, civilisation du temps bref, action-réaction, monde contractuel (les contrats sont partout ; il faut donc être astucieux). Cette sophistique se double d’une critique de l’érudition et d’une perte de contact avec le livre y compris chez certains professeurs, notamment les plus jeunes, autre désaffiliation désastreuse !

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